Un groupe ethnique minoritaire de Birmanie a poursuivi hier son offensive, a indiqué un porte-parole, au deuxième jour de combats dans l’Etat de Rakhine (Ouest) contre la junte, attaquée dans plusieurs régions du pays, selon l’AFP. L’Armée d’Arakan (AA) a pris le contrôle d’une position de la police aux frontières à Chinkhali hier matin, a déclaré à l’AFP son porte-parole, Khaing Thu Kha.
Ses soldats ont aussi attaqué à l’aube des avant-postes de l’armée dans le district de Paletwa, dans l’Etat de Chin voisin, a-t-il poursuivi. A Paletwa, où l’armée a répondu avec des frappes aériennes et des tirs de barrage, les combats en cours sont «intenses», a assuré le représentant. Deux femmes ont été tuées dans les affrontements à Paletwa, selon un média local. L’Armée d’Arakan (Arakan est l’ancien nom de Rakhine) lutte depuis des années pour l’autonomie de l’Etat de Rakhine, qui abrite la minorité rakhine.
Le groupe a également développé sa présence dans l’Etat de Chin. A Sittwe, la capitale de l’Etat de Rakhine, les forces de sécurité ont renforcé leur présence, avec des barrages filtrants sur les routes menant à l’aéroport et au tribunal local, a indiqué un résident, sous condition d’anonymat. Des combats ont éclaté lundi entre l’Armée d’Arakan et les forces de sécurité dans les districts de Rathedaung, Maungdaw et Minbya, a affirmé le groupe ethnique dans un communiqué.
Les combats ont fait six morts parmi ses membres, et dix dans les rangs adverses, selon le texte. L’Armée d’Arakan a participé, fin octobre, à une offensive coordonnée aux côtés de deux autres groupes ethniques minoritaires dans l’Etat de Shan (Nord), près de la frontière chinoise. Leur alliance a notamment pris le contrôle d’une ville stratégique à la frontière, infligeant un revers de taille à la junte. Les combats, qui ont provoqué le déplacement de plus de 50 000 civils, selon les Nations unies, représentent une menace d’une ampleur inédite pour l’armée au pouvoir depuis le coup d’Etat de 2021, selon des analystes.
Des violences ont aussi éclaté lundi dans l’Etat de Kayah (est), frontalier de la Thaïlande, où un groupe armé d’opposants politiques «essaye de prendre» la capitale régionale, Loikaw, selon son représentant. La junte a déclenché trois frappes aériennes durant les combats «très forts» autour de la ville, a détaillé le chef des Forces de défense des nationalités karenni (KNDF), Khun Bedu.
Les KDNF font partie des dizaines de groupes pro-démocratie qui ont pris les armes à la suite du putsch contre le gouvernement d’Aung San Suu Kyi. Un média d’Etat a indiqué hier que des adversaires de la junte ont attaqué Loikaw, en utilisant des «armes petites et grandes», sans donner plus de détails.