Béni Maouche : Ces écoles qui ferment

28/06/2022 mis à jour: 00:18
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Photo : D. R.

A l’image de la plupart des communes déshéritées de l’arrière-pays, Béni Maouche est aux prises avec un exode massif de sa population, un mouvement qui semble s’amplifier au fil des ans et qui se traduit par la fermeture de nombre d’établissements scolaires.

C’est le cas des écoles implantées aux villages Ath Boudjala, Ighzer Oubellout et Tala Ntinzer. «L’effectif scolaire de ces écoles primaires est tombé en deçà du seuil requis pour l’ouverture d’une division pédagogique, synonyme d’affectation d’un poste budgétaire pour l’encadrement», a informé un responsable de l’inspection locale de l’éducation, soulignant que bien d’autres écoles en activité fonctionnent avec un effectif d’apprenants très réduit.

«Nous avons remué ciel et terre pour garder ouvertes les portes de notre école. C’était peine perdue, car avec seulement onze élèves, l’option de fermeture était inévitable. C’est ce que l’on nous a expliqué à la direction de l’éducation », dira un parent d’élève du village Tala Ntinzer, dont les enfants sont scolarisés au primaire du village Ait Adjissa. Des éducateurs exerçant dans cette circonscription rurale ont fait part d’une baisse constante des statistiques d’enfants scolarisés.

«Toutes les écoles connaissent une chute régulière de leurs contingents de scolarisés. Néanmoins, l’ampleur de cette fluctuation baissière se fait plus importante, à mesure que l’on s’éloigne du centre urbain de Trouna, le chef-lieu de la commune», témoigne un éducateur. «Chaque rentrée des classes nous donne l’opportunité de mesurer l’écart entre la cohorte d’élèves en fin de cycle et celle des potaches qui arrivent en préscolaire ou en première année.

En un peu moins de dix ans, nous avons perdu près de la moitié de nos effectifs », souligne un autre instituteur, indiquant que la situation a amené la tutelle à restreindre le nombre de postes d’enseignants. «La réduction du staff pédagogique a imposé le recours au jumelage des classes. Exceptionnelle par le passé, cette pratique a tendance à se généraliser dans la mesure où le recul des effectifs n’épargne aucune école. Certains enseignants dispensent des cours à des apprenants de trois niveaux différents.

Ils prennent même en charge l’enseignement de la langue française, pour laquelle ils n’ont reçu aucune formation», rapporte un directeur d’école. Notre interlocuteur affirme que des éléments du corps pédagogique cumulent parfois la dispensation des apprentissages et l’administration de l’école où ils travaillent.

Pour éluder les dégraissements du corps pédagogique, rapporte-t-on, certains responsables d’écoles recourent à un gonflement factice des effectifs prévisionnels transmis à la tutelle.

«En triturant les chiffres, on arrive tant bien que mal à maintenir la stabilité des enseignants. Néanmoins, on ne fait que retarder l’échéance », confie un enseignant, subodorant des fermetures en cascades à plus ou moins long terme. «On doit se rendre à l’évidence ; les écoles ferment, car les enfants à scolariser se font rares. Les gens désertent la campagne pour aller s’installer en ville. Ceux qui s’accrochent à leur clocher sont peu enclins au mariage et font très peu d’enfants. Hélas, cette tendance n’est pas prête de s’inverser », analyse-t-il.

 

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