La situation humanitaire à Ghaza a atteint des niveaux alarmants, avec des millions de Palestiniens vivant dans des conditions effroyables. Celle des personnes déplacées est préoccupante, car elles manquent de tout. Seules quelques boulangeries continuent de proposer leurs services. Des enfants, des femmes et des personnes âgées dorment à même le sol dans les hôpitaux.
Le système de santé est au bord de l’effondrement, les hôpitaux manquant de médicaments et d’équipements de base. L’accès à l’eau potable est limité, et les pénuries d’électricité rendent la vie quotidienne tout simplement impossible.
Les nouvelles qui nous parviennent de Ghaza sont chaque jour plus tragiques. Les morts s’ajoutent aux morts et l’aide d’urgence ne rentre qu’au compte-gouttes et ne répond en rien aux besoins vitaux minimums. Les populations palestiniennes ne savent plus où fuir ni où se cacher.
Des familles entières sont ensevelies sous les décombres. Les images sont très difficiles à supporter. Faute de secours en nombre suffisant, on voit les habitants, les voisins, se ruer sur les décombres des immeubles écroulés. Ils tentent de déblayer à mains nues, pour chercher des survivants, sortir des cadavres dans un chaos infernal.
Environ 200 000 logements ont totalement ou partiellement été démolis depuis le début des bombardements menés par l’armée d’occupation israélienne, ce qui représente plus de 25% des zones peuplées du secteur, a déclaré, jeudi dernier, le ministre palestinien des Travaux publics et du Logement, Muhammad Ziara. Ils «ont effacé des familles entières du registre d’état civil, effacé des quartiers, des zones et des communautés résidentielles avec leurs habitants».
Un enfer sur terre
Des installations ont également été démolies, notamment des hôpitaux, des lieux de culte, des boulangeries et des stations-service d’eau, des marchés, des écoles, des établissements d’enseignement et de services. «Aucun endroit n’est sûr à Ghaza», a alerté, jeudi dernier, le coordonnateur humanitaire des Nations unies dans les Territoires palestiniens occupés, Lynn Hastings. Dans ce contexte enflammé, quel avenir est envisageable ?
Il n’y a plus, du moins à court terme, de perspectives de négociation, ni même de dialogue possible. Hier, les organisations internationales ont appelé à mettre fin aux «punitions collectives contre les habitants de Ghaza», considérées comme «un crime de guerre», ont mis en garde contre la détérioration de la situation humanitaire et demandé l’acheminement de l’aide vers la bande assiégée, soumise depuis 3 semaines à des bombardements israéliens qui ont jusqu’à présent fait plus de 7300 martyrs et plus de 18 000 blessés et provoqué des dégâts considérables aux infrastructures. La communauté internationale porte une lourde responsabilité dans la tragédie en cours assimilée à «non-assistance à peuple en danger».
Les dirigeants européens, réunis en sommet à Bruxelles, ont appelé, jeudi soir, à la mise en place de «couloirs humanitaires» et de «pauses» dans ce conflit afin de pouvoir répondre aux besoins des populations civiles à Ghaza. Mais le consensus est moins fort sur la question d’un arrêt des bombardements. Il faut le dire, l’agression israélienne a bafoué tous les principes humains, et les positions des puissances dominantes, Europe, Etats-Unis, sont choquantes. Un représentant de Médecins sans frontières (MSF) affirme : «Tous les camps, ceux de l’ONU notamment, sont surpeuplés. Il y a de gros problèmes d’approvisionnement également, en particulier en eau, il y a des problèmes de latrines». Il ajoute : «Ce n’est pas vraiment tenable. Du point de vue médical, on manque d’anesthésiques, on donne des demi-doses, on soigne des grands brûlés avec du paracétamol et des anti-inflammatoires», raconte-t-il.
«L'hôpital d'Al Shifa deviendra un charnier si nous manquons d’électricité»
La bande de Ghaza, soumise depuis le 7 octobre à un siège total et des bombardements israéliens, a un besoin urgent d’aide «significative et continue», a prévenu, encore une fois, le patron de l’Agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA). En effet, lors d’un point de presse, Philippe Lazzarini a indiqué que son organisation avait confirmé la mort de 57 de ses employés dans le petit territoire palestinien, depuis le début de la guerre. Il a averti, par ailleurs, que beaucoup de Palestiniens «allaient bientôt mourir» dans l’enclave. Dimanche dernier, il avait sonné l’alarme, soulignant que sans carburant, «il n’y aura pas d’eau, pas d’hôpitaux ni de boulangeries en état de fonctionner» et «l’aide ne parviendra pas aux nombreux civils qui en ont désespérément besoin».
L’agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens accueille actuellement plus d’un demi-million de personnes sur les près d’un million de personnes déplacées dans l’enclave palestinienne. Seuls 74 camions ont pu franchir le poste-frontière de Rafah au cours des quatre derniers jours, alors que la moyenne avant l’agression sioniste était de 500 camions par jour, selon les déclarations du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) des Nations unies.
L’OCHA a déclaré que sur les quelque deux millions de personnes qui vivent à Ghaza, environ 1,4 million de personnes s’étaient déjà déplacées à l’intérieur de l’enclave, dont 629 000 avaient trouvé refuge dans 150 abris d’urgence désignés par l’UNRWA. Le nombre moyen de personnes déplacées par abri a désormais atteint 2,7 fois la capacité prévue. «Si nous n’obtenons pas de carburant de toute urgence, nous serons obligés d’arrêter nos opérations dans la bande de Ghaza à partir de demain soir», a averti l’UNRWA. «L’hôpital d’Al Shifa deviendra un charnier. Si nous manquons d’électricité, nous ne pourrons pas faire fonctionner les salles d’opérations, les appareils d’anesthésie», s’alarme le Dr Ghassan Abu Sittah, chirurgien, interrogé par BFMTV.
«Si l’électricité est coupée, nous perdons les 55 bébés qui ont besoin d’oxygène dans les cinq minutes», prévient le Dr Nasser Bulbul, chef de service de pédiatrie.