Après un accord avec la justice américaine : Le fondateur de WikiLeaks Julian Assange bientôt en liberté

26/06/2024 mis à jour: 03:39
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Assange, visé par 18 chefs d’accusation encourait en théorie jusqu’à 175 ans de prison

Le lanceur d’alerte australien et fondateur de WikiLeaks, Julien Assange, est sorti de prison au Royaume-Uni et devrait retrouver la liberté aujourd’hui après avoir plaidé coupable devant un tribunal américain.

Poursuivi pour avoir publié des centaines de milliers de documents confidentiels américains, cet informaticien australien âgé de 52 ans doit comparaître aujourd’hui devant un tribunal fédéral des îles Mariannes, territoire américain du Pacifique, selon des documents judiciaires rendus publics dans la nuit de lundi à mardi, cités par l’AFP.
Après avoir quitté le Royaume-Uni lundi depuis l’aéroport londonien de Stansted, selon WikiLeaks, l’avion de Julian Assange s’est posé à Bangkok (Thaïlande) mardi pour une escale technique avant de redécoller en soirée pour l’île de Saipan, capitale des Mariannes.

Julian Assange «sera un homme libre une fois l’accord (de plaider coupable, ndlr) validé par le juge», ce qui arrivera «demain» mercredi, a déclaré mardi depuis l’Australie son épouse Stella à la BBC.
Comme l’indiquent les documents judiciaires, le fondateur de WikiLeaks accepte de plaider coupable d’un chef d’accusation, relatif à «l’obtention et la divulgation d’informations sur la défense nationale», selon Stella Assange.
Julian Assange est désormais poursuivi pour un seul chef (complot pour obtenir et divulguer des informations relevant de la défense nationale), selon les documents qui citent également sa complice, la militaire américaine Chelsea Manning, à l’origine de cette fuite massive.


Stella Assange, qui a eu deux enfants avec le fondateur de WikiLeaks, s’est refusée à donner davantage de détails sur cet accord qui sera, dit-elle, «rendu public». «La priorité est à présent que Julian retrouve la santé», «il est dans un état terrible depuis cinq ans» et souhaite «être en contact avec la nature», a ajouté l’avocate sud-africaine. 

«C’est ce que nous désirons tous les deux pour le moment, et avoir du temps et de l’intimité et simplement commencer ce nouveau chapitre». La fin de ce long feuilleton juridique l’a plongée dans un «tourbillon d’émotions», a poursuivi Mme Assange à la BBC. «C’est enfin fini». Elle a aussi lancé un appel aux dons pour payer les 520 mille dollars (485 mille euros) que son époux doit rembourser au gouvernement australien pour l’affrètement de l’avion qui doit l’emmener en Australie. Il n’a «pas été autorisé à emprunter un vol commercial», a-t-elle indiqué sur X (ex-Twitter). Elle a aussi appelé les partisans du lanceur d’alerte à surveiller le vol sur les sites spécialisés et suivre le hashtag «AssangeJet», écrivant : «Nous avons besoin de tous les regards sur ce vol, au cas où quelque chose tourne mal».
 

L’affaire Assange pesait sur les relations entre les Etats-Unis et l’Australie. Pour Emma Shortis, une chercheuse du groupe de réflexion The Australia Institute, «il était tout simplement impossible que cela ne devienne pas un problème pour l’alliance» américano-australienne.

Une saga de près de 14 ans

Julian Assange devrait être condamné à 62 mois de prison, déjà purgés en détention provisoire à Londres, ce qui lui permettrait de regagner libre son Australie natale.

Le tribunal des îles Mariannes du Nord a été choisi en raison du refus de J. Assange de se rendre sur le continent américain et de la proximité du territoire avec l’Australie, selon un document déposé au tribunal.
 

Les Nations unies ont salué cette libération, estimant que l’affaire a soulevé «une série de préoccupations en matière de droits humains». Selon la porte-parole du ministère chinois des affaires étrangères, Mao 
Ning, WikiLeaks a «permis à la communauté internationale de comprendre davantage de faits et de vérités». «Je suis reconnaissante que le calvaire de mon fils touche enfin à sa fin», a déclaré Christine Assange, dans un communiqué diffusé par les médias australiens.

Pour le gouvernement australien, l’affaire Assange a «traîné en longueur depuis trop longtemps» et son maintien en détention ne présente plus aucun intérêt. L’ancien vice-président américain Mike Pence a, lui, qualifié l’accord de «fausse justice» qui «déshonore le service et le sacrifice des hommes et des femmes de nos forces armées».
 

L’accord met un terme à une saga de près de 14 ans. Il est intervenu alors que la justice britannique devait examiner, les 9 et 10 juillet, un recours de Julian Assange contre son extradition vers les Etats-Unis, approuvée par le gouvernement britannique en juin 2022. 

Il se battait pour ne pas être livré à la justice américaine qui le poursuit pour avoir rendu publics à partir de 2010 plus de 700 mille documents confidentiels sur les activités militaires et diplomatiques américaines, en particulier en Irak et en Afghanistan. Parmi ces documents figure une vidéo montrant des civils, dont un journaliste de l’agence Reuters et son chauffeur, tués par les tirs d’un hélicoptère de combat américain en Irak en juillet 2007.

Visé par 18 chefs d’accusation, il encourait en théorie jusqu’à 175 ans de prison en vertu de la loi sur l’espionnage. Chelsea Manning a été condamnée en août 2013 à 35 ans de prison par une cour martiale, mais libérée au bout de sept ans après commutation de sa peine par le président Barack Obama.

Dernier rebondissement dans cette affaire devenue pour les partisans de Julian Assange un symbole des menaces pesant sur la liberté de la presse: deux juges britanniques ont accordé en mai à Julian Assange le droit de faire appel contre son extradition. 

Le fondateur de WikiLeaks a été arrêté par la police britannique en avril 2019, après sept ans passés dans l’ambassade d’Equateur à Londres pour éviter son extradition vers la Suède dans une enquête pour viol, classée sans suite la même année.Depuis, les appels se sont multipliés pour que l’actuel président américain Joe Biden abandonne les charges à son encontre. L’Australie a présenté une demande officielle en ce sens en février que J. Biden a dit examiner, suscitant l’espoir chez ses soutiens.

Soutien de longue date du fondateur de Wikileaks, Reporters sans frontières a salué une «victoire pour le journalisme et la liberté de la presse qui n’a que trop tardé».
 

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