Les villageois de la commune d’Amalou, à 70 km au sud de Béjaïa, n’en finissent pas de manger leur pain noir.
L’écume des souffrances, constate-t-on, étreint tous les domaines, y compris celui des transports.
Des citoyens de cette circonscription déshéritée soutiennent avoir, à maintes reprises, vainement réclamé l’ouverture de lignes de transport pour desservir les villages excentrés. «Nous n’avons jamais été entendus par les pouvoirs publics. Dans le meilleur des cas, le retour d’écoute a emprunté le chemin des vagues promesses, toutes restées sans suite à ce jour», peste un habitant du village Taddart Ouada.
Des citoyens de cette circonscription déshéritée soutiennent avoir, à maintes reprises, vainement réclamé l’ouverture de lignes de transport pour desservir les villages excentrés. Or, dans la réalité du terrain, il faut se rendre à l’évidence que personne n’a intérêt à exploiter une quelconque destination, si l’infrastructure routière ne s’y prête pas et que la population ciblée est numériquement réduite, ce qui est précisément le cas de nos villages», a confié un retraité du village Ighil Iguenni.
Des témoignages recoupés de citoyens d’Amalou attestent que la plupart des localités sont logées à la même enseigne. «Il n’y a que l’agglomération du chef-lieu de la commune et les quartiers de la périphérie qui ont le privilège de disposer de navettes régulières de transport».
Taxibus
A un degré moindre, le village Ighil Ntala a la chance d’être desservi par les taxi-bus de la commune de Bouhamza. «Ce village ne doit son salut qu’à sa proximité géographique avec le CW135, qui le traverse de part en part», dira un septuagénaire d’Amalou. Dans toutes les autres localités, déplore-t-on, les villageois ne peuvent compter que sur leurs jambes pour se mouvoir et vaquer à leurs occupations quotidiennes. «Si vous résidez dans les patelins excentrés et enclavés, tels que Tizi Lemnaâ, Ath Djaâd et Tighermine, il vaut mieux disposer d’une voiture ou d’une bête de somme, sinon, la trotte sur de longs trajets est incontournable, que ce soit pour aller d’un village à un autre, ou pour rejoindre le centre urbain d’Amalou», souligne un habitant d’Ath Djemhour, journalier de son état. Pour se rendre à Bejaia ou dans les autres villes de la Soummam, comme Akbou, Seddouk et Ighzer Amokrane, c’est le même chemin de croix. «Les villageois doivent dévaler plusieurs kilomètres à pied, pour gagner la ville d’Amalou et emprunter un taxi-bus», affirme-t-on.
Certains villageois en veulent aux propriétaires de bus privés lesquels sont, selon eux, prisonniers de leur logique rentière. «Il va de soi que toute prestation de service suppose une contrepartie pécuniaire, mais doit-on pour autant passer à la trappe la mission de service publique que les transporteurs sont censés assurer au profit de la population?», s’interroge un retraité.
Par ailleurs, les habitants de cette commune sont nombreux à estimer que leur infortune est aussi la résultante du désengagement de l’Etat de ce secteur, en limitant le service au transport scolaire. «La dimension sociale de l’Etat est un principe doctrinal inscrit dans la Constitution.
La logique de rentabilité financière ne saurait être invoquée pour justifier l’abandon de la population rurale à son propre sort», récuse un éducateur de la région.