Alors qu’une proposition de trêve lui a été soumise, le Hamas se montre intransigeant : «Les armes de la résistance sont une ligne rouge»

16/04/2025 mis à jour: 23:53
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(Photo : D . R. )

Le mouvement de résistance palestinien Hamas a annoncé qu’il a reçu une nouvelle proposition de trêve transmise par Israël aux médiateurs égyptiens et qataris, et qu’il avait engagé des «consultations approfondies» avant de rendre sa réponse. 

«La direction du mouvement étudie de façon hautement responsable la proposition qu’elle a reçue des médiateurs et soumettra sa réponse une fois que les consultations requises auront été achevées», a déclaré le Hamas dans un communiqué diffusé ce lundi sur sa chaîne Telegram. 

Le mouvement palestinien a rappelé sa «position ferme» selon laquelle «tout accord futur doit aboutir à un cessez-le-feu permanent, à un retrait complet des forces d’occupation de la bande de Ghaza et à un véritable accord d’échange et l’amorce d’un processus sérieux de reconstruction de ce qui a été détruit par l’occupant, ainsi qu’à la levée du blocus injuste imposé à notre peuple». 

Hier, un haut dirigeant palestinien a assuré à l’AFP sous couvert de l’anonymat que le Hamas va «très probablement» répondre «d’ici 48 heures» à la proposition qui lui a été faite dimanche. Et de préciser : «Le mouvement n’a aucun problème avec le nombre d’otages et est prêt à les libérer tous, en une seule fois ou en plusieurs phases». 

Toutefois, le Hamas, a-t-il prévenu, «n’acceptera aucune proposition ni aucune solution qui ne comprenne pas un cessez-le-feu global et permanent, un retrait total des forces israéliennes de la bande de Ghaza, ainsi que l’entrée de l’aide humanitaire». 

Selon une autre source palestinienne mentionnée par l’Agence France-Presse, «Israël demande le retour, en plusieurs temps, de dix otages vivants en échange d’une trêve d’au moins 45 jours, de la libération, en deux phases, d’un total de 1231 prisonniers palestiniens détenus par Israël et d’une autorisation de faire entrer de l’aide humanitaire dans le territoire palestinien assiégé». 

Les négociations dans l’impasse

D’après cette même source, Israël aurait exigé «en signe de bonne volonté» le retour, le premier jour de l’accord, de l’otage israélo-américain Edan Alexander. Il s’agit de l’unique otage vivant de nationalité américaine encore retenu par le mouvement palestinien. Le Hamas a diffusé une vidéo de lui samedi. Israël aurait exigé en outre que la libération des otages «se fasse sans cérémonie publique» comme le faisait le Hamas lors des précédentes vagues de remise en liberté des captifs israéliens. Toujours selon les termes de l’arrangement proposé par Israël et dont l’AFP a obtenu quelques détails, dès le troisième jour de l’entrée en vigueur de l’accord s’ouvriraient des «négociations sur un cessez-le-feu permanent». L’entité sioniste a émis comme condition à la cessation de ses frappes acharnées sur Ghaza le désarmement de la résistance palestinienne. 

Sami Abou Zuhri, responsable politique du Hamas à l’étranger, est catégorique: «Les armes de la résistance sont un million de fois une ligne rouge » a-t-il asséné dans une déclaration à Reuters.  Il relève que c’est la première fois qu’Israël s’autorise de poser un tel préalable et riposte en disant que cette question «n’est pas susceptible d’être entendue, encore moins d’être discutée».

Il a tenu en même temps à souligner : «Nous sommes prêts à rendre tous les prisonniers en une seule fois en échange de la cessation de la guerre et du retrait de l’occupant de la bande de Ghaza.» Mais le responsable palestinien ne se fait pas beaucoup d’illusions. Il est obligé de constater avec une lucidité emprunte de lassitude que «la proposition (israélienne) ne répond pas à la principale exigence du mouvement palestinien, à savoir qu’Israël s’engage à une cessation complète des hostilités». A ca stade, tout porte donc à croire que les pourparlers sont une nouvelle fois dans l’impasse.  

Ce que confirme Reuters : «Le dernier cycle de négociations au Caire visant à rétablir le cessez-le-feu à Ghaza et à libérer les otages israéliens s’est achevé sans percée apparente, ont déclaré lundi des sources palestiniennes et égyptiennes», écrit l’agence britannique. 

On comprend aisément pourquoi ça coince : Israël espère une capitulation pure et simplement du Hamas. Or, la résistance palestinienne est loin d’avoir dit son dernier mot. Non seulement le mouvement islamiste a clairement fait savoir qu’il ne cédera pas une cartouche de sa poudrière, mais insiste sur le fait qu’Israël doit s’engager à mettre un terme à son offensive militaire et à se retirer complètement de la bande de Ghaza conformément à la première mouture de l’accord de cessez-le-feu en trois phases conclu le 19 janvier. 

Sauf que depuis que Trump a donné son quitus à Netanyahu, l’incitant à «ouvrir les portes de l’enfer» au Hamas et avec lui à toute la population de Ghaza, il est difficile d’imaginer les troupes sionistes se retirant définitivement de l’enclave pour laisser les Palestiniens faire enfin leur deuil devant leur montagne de morts… 

Mustapha Benfodil
 

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