Alors que sa restauration est bloquée : Un projet d’une double voie menace le mausolée du Medghacen

26/05/2022 mis à jour: 01:12
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Photo : D. R.

En février 2021, El Watan partageait le soulagement et l’enthousiasme de l’Association des amis du Medghacen suite à l’annonce de la reprise du projet de réhabilitation du mausolée numide du Medghacen, suspendue en 2018 pour des raisons occultes, et absurdes en tout cas.

L’annonce avait été faite par la ministre de la Culture de l’époque, Malika Bendouda, lors d’une visite sur le site, couronnant des efforts titanesques de l’Association et de cadres attachés à la sauvegarde et à la mise en valeur de notre patrimoine national.

Sur la base d’un projet élaboré par l’Association des amis du Medghacen et intitulé «Programme de recherche, d’études et de travaux de restauration et de mise en valeur du mausolée Imedghassen, Batna, Algérie (Preti)», le gouvernement avait mobilisé un budget de 150 millions de dinars pour reprendre les opérations.

Une enveloppe à laquelle s’ajoute 500 000 dollars octroyés par l’ONG internationale World Monument Fund (WMF), qui montre un grand intérêt pour l’opération, en plus de l’ambassade des Etats-Unis dans le cadre des relations algéro-américaines. La décision fut prise de conduire ce projet de 5 ans en un partenariat entre les pouvoirs publics et la société civile.

C’est la première fois que la société civile propose et réussit à faire valider par l’Etat un projet de cette qualité et de cette envergure. Un projet prioritaire et stratégique qui peut ouvrir la voie à une nouvelle approche du patrimoine pour le valoriser et l’insérer dans une démarche économique et touristique.

Mais plus d’une année après, le projet est au point mort à cause de blocages identifiés au sein du ministère de la Culture et que personne ne comprend. L’Association, partenaire du projet, ne s’explique pas en tout cas les raisons de ces blocages et la réticence à installer le comité de pilotage comme prévu.

Seul un comité scientifique a été créé et domicilié au Centre national de recherches en archéologie (CNRA), mais marginalisé hélas, comme le regrette le président de l’Association, Azeddine Guerfi.

Une mise à l’écart qui s’est manifestée tout récemment au moment où le gouvernement a décidé de construire une pénétrante pour la wilaya de Khenchela vers l’autoroute Est-Ouest, sur un tracé proposé par le wali de Batna, passant à la tangente du mausolée. Une option fatalement nuisible, sachant que le mausolée est classé parmi les 100 monuments les plus en danger dans le monde par le WMF.

La ministre Soraya Mouloudji, lors d’une visite sur le site le 10 mai, avait promis de réfléchir en veillant à l’intérêt du monument. Contacté par El Watan, Azeddine Guerfi se dit rassuré par cette déclaration, mais ne cache pas sa crainte d’une mauvaise surprise de la part du département ministériel chargé du patrimoine, lequel fait montre de nonchalance face au danger qui guette le Medghacen.

Dans une note de synthèse adressée récemment à la ministre, l’Association a cité aussi de nombreux obstacles qui empêchent d’entamer le projet : blocage du ministère pour le lancement du projet, refus de l’installation du reste de la gouvernance, dont le comité de pilotage (Copil), absence de visibilité concernant le financement algérien du projet et absence de visibilité sur l’ensemble du programme malgré les accords des différentes parties.

Qui a intérêt à bloquer la restauration du Medghacen, sachant que ce monument âgé de près de trois millénaires et figurant symboliquement sur le billet de 2000 DA est à lui seul une cinglante réponse à ceux qui disent qu’il n’y a jamais eu d’Etat algérien avant la colonisation ?

 

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