La vente des moutons de l’Aïd El Adha débutera le 1er mai prochain à travers toutes les wilayas du pays. Le ministre de l’Agriculture, du Développement rural et de la Pêche, Youcef Cherfa a précisé en réponse aux questions orales des députés, que l’opération sera organisée au niveau des marchés de proximité dans le cadre d’un plan local propre à chaque wilaya sous la supervision des ministères de l’Agriculture et du Commerce.
Ainsi, la part de bétail, destinée à chaque wilaya, dépendra de la densité de la population, indique le ministre en notant que l’opération de réception des moutons se déroulait comme prévu au niveau de neuf ports, rapporte l’APS. La production locale ne sera pas mise à l’écart de cette vente au niveau des marchés de proximité, précise Cherfa en indiquant que l’importation des têtes d’ovins viendra en soutien à la production locale pour faire face à la grande demande.
La vente se fera avec le recours aux appareils de paiement électronique Edahabia et interbancaire, et au niveau des bureaux de poste ambulants mis à la disposition de cette opération. Les premiers navires de moutons ont commencé à accoster au niveau des ports réservés à l’opération depuis le 20 avril, en provenance de Roumanie.
La deuxième provenance des commandes algériennes de moutons pour l’Aïd El Adha est l’Espagne. Les éleveurs du royaume ibérique ont poussé «un soupir de soulagement» à l’annonce des importations algériennes leur permettant de sauver leur campagne et d’engranger des bénéfices après la décision du Maroc d’annuler la fête du sacrifice. Le voisin de l’Ouest était un acheteur traditionnel des ovins espagnols vivants notamment durant les périodes de fête de l’Aïd et sa décision de ne pas célébrer le sacrifice cette année avait semé la panique chez les éleveurs ibériques.
Les médias espagnols ont largement rapporté ces derniers jours le satisfecit des agriculteurs après l’autorisation accordée d’exporter des ovins vivants vers l’Algérie. «Cette décision a apporté une bouffée d’oxygène à un secteur qui souffre depuis des années de crise», indiquent les médias ibériques. La Coordination des organisations d’agriculteurs et éleveurs espagnols COAG «s’est réjouie de l’ouverture du marché algérien à l’agneau espagnol».
L’accord entre les deux Etats a porté sur l’achat «d’animaux d’abattage âgés de 6 à 24 mois à expédier à partir du 21 avril sur des navires bétaillères autorisés à transporter des animaux dans des conditions adéquates», précise l’association des agriculteurs. Le secteur avait enregistré une forte baisse des exportations en mars 2025 en raison de la décision marocaine. «En 2023, nos expéditions d’animaux vers le Maroc se sont élevées à 349 428 têtes. En 2024, elles sont passées à 749 585 têtes, et entre janvier et février 2025 à 162 275 moutons», précise la même source en notant un ralentissement des expéditions en mars 2025.
«Notre secteur ovin peine depuis des années à maintenir ses exploitations à flot dans un contexte de baisse de la consommation et le bas prix pratiqués par l’industrie. Il est compréhensible que si d’autres pays apprécient notre produit et nous le paient plus cher qu’ici, nous soyons disposés à répondre à cette demande», déclarait aux médias espagnols Antonio Punzano, responsable du secteur viande ovine à la COAG. Le même responsable a salué l’ouverture du marché algérien «à un moment où, dit-il, nous en avons tant besoin». La COAG souligne que l’Algérie avait déjà importé de la viande d’agneau espagnol en 2024, et la possibilité d’acheter des agneaux vivants permet d’améliorer les prix perçus par les producteurs et donc à la filière espagnole de poursuivre son activité.
Si l’association des éleveurs a exprimé sa pleine satisfaction de l’accord de vente avec l’Algérie, l’Association espagnole des industries de la viande (ANICE) a, quant à elle, réprouvé l’accord craignant une réduction de l’approvisionnement des abattoirs ibériques à un moment de tensions sur les prix. Notons qu’outre l’importation de viande ovine en se classant troisième importateur en volume et deuxième en valeur en 2024, l’Algérie a augmenté ses achats de viande bovine depuis 2019 de 116% en valeur avec 49,56 millions d’euros, et de plus de 40% en volume avec 26 514 tonnes, indique l’association espagnole.
Le plus grand pays d’Afrique est la quatrième destination des viandes espagnoles et la plus importante hors espace européen. Nadjia Bouaricha