L’application de la nouvelle directive se fera de manière progressive pour arriver à des exigences plus strictes «afin de garantir que les exportateurs appliquent progressivement les mêmes obligations de surveillance, de déclaration et de vérification que les opérateurs de l’UE».
De la menace, l’Union européenne est passée à l’acte. La proposition de loi imposant des limites aux émissions de méthane aux fournisseurs de gaz vient d’être adoptée par l’Union européenne. Cette nouvelle directive prendra toutefois effet à partir de 2030, donnant le temps aux pays producteurs de s’adapter à cette donne afin de réduire les fuites toxiques dans la production du gaz.
«Le nouveau règlement oblige l’industrie du gaz fossile, du pétrole et du charbon en Europe à mesurer, surveiller, déclarer et vérifier ses émissions de méthane conformément aux normes de surveillance les plus strictes et à prendre des mesures pour les réduire», indique la Commission de l’UE dans son communiqué.
Cela en ajoutant que cette loi «impose aux exploitants de gaz, de pétrole et de charbon de l’UE de mettre fin à la combustion de gaz et de réduire le torchage et l’évacuation dans les situations, telles que les situations d’urgence, les dysfonctionnements techniques ou lorsque cela s’avère nécessaire pour des raisons de sécurité…
Le règlement contribuera également à réduire les émissions de méthane provenant des combustibles fossiles importés». L’adoption de cette loi marque, selon la même source, «une étape dans la mise en œuvre du marché vert européen et de REPowerEU. Elle témoigne de la détermination de l’Europe à lutter contre les émissions nocives sur son territoire et à l’échelle internationale ».
L’application de la nouvelle directive se fera de manière progressive pour arriver à des exigences plus strictes «afin de garantir que les exportateurs appliquent progressivement les mêmes obligations de surveillance, de déclaration et de vérification que les opérateurs de l’UE», indique l’UE. Un outil de surveillance sera mis en place afin de « débusquer » les émetteurs mondiaux de méthane et ce à travers des données satellitaires fournissant des informations sur l’ampleur, l’occurrence et la localisation des sources fortement émettrices à l’intérieur de l’UE ou à l’extérieur.
«La Commission mettra également en place un mécanisme d’alerte rapide pour « les cas de « super-émission » à savoir les incidents au cours desquels des installations, des équipements ou des infrastructures émettront des taux très élevés de méthane ». L’UE prendra dans ce cas «des mesures pour arrêter la production de méthane». L’UE utilise avec cette loi une nouvelle carte de pression sur les fournisseurs de gaz, principalement la Russie, l’Algérie, les Etats-Unis et le Qatar en menaçant d’appliquer des sanctions financières sur les importateurs de gaz ne se conformant pas à ses directives.
L’engagement de l’Algérie
L’Algérie est pour rappel un des principaux fournisseurs de gaz et de pétrole de l’Union Européenne et s’engage à réduire les émissions de carbone. Le Ministre de l’Energie et des Mines, Mohamed Arkab, a récemment affirmé, lors de sa participation à la Conférence ministérielle du G7 sur le climat, l’énergie et l’environnement, que l’Algérie est déterminée à baisser les émissions de gaz à effet de serre de 7 à 22% d’ici 2030 et de contenir le volume total de gaz torché à moins de 1%.
La Sonatrach, qui a consacré une enveloppe de 416 millions de dollars pour financer des projets de protection de l’environnement, adopte des techniques de réduction des émissions au niveau de ses installations, et prévoit également plusieurs actions visant la décarbonation à l’instar de la mise en œuvre d’un programme de séquestration naturelle de carbone, en optant pour la plantation de 420 millions d’arbres sur une superficie de 520.000 hectares dans le sud du pays.
Une commission ad hoc est par ailleurs installée afin de travailler sur l’élaboration d’une feuille de route visant la création «d’un outil national de détection, d’évaluation et de réduction des émissions de méthane». Le groupe national, assurait le ministre, a alloué 67 millions de dollars pour des projets de production d’énergie solaire et 68 millions d’autres pour la production d’hydrogène vert.
Les Etats-Unis ont salué de leur côté, cette directive en affirmant leur détermination à réduire de 30% leurs émissions de méthane d’ici 2030. A partir de 2027, l’UE exigera également «que les nouveaux contrats d’importation de pétrole, de gaz et de charbon ne puissent être signés qu’avec des producteurs étrangers qui respectent des règles de déclaration des émissions de méthane équivalentes à celles de l’UE ».
Les travaux du 7ème Sommet du forum des pays exportateurs de gaz, GECF en mars dernier, avait abouti pour rappel, sur la déclaration d’Alger qui condamnait «toutes les restrictions économiques entreprises sans l’approbation préalable du Conseil de sécurité des Nations Unies, ainsi que l’application extraterritoriale de toutes mesures, lois et réglementations nationales à l’encontre des pays membres du GECF qui impactent négativement le développement et le commerce du gaz naturel et mettent en péril la sécurité de l’approvisionnement en gaz naturel».
Les pays membres du GECF n’ont eu de cesse d’affirmer le caractère éco-responsable du gaz naturel très loin de constituer un danger environnemental comme le charbon qui pour rappel est une source énergétique très utilisée en Europe. Nous rejetons, disaient encore les membres du GECF, «toute utilisation du changement climatique comme justification pour mettre en œuvre des mesures qui entravent les investissements dans les projets de gaz naturel et créer tout moyen de discrimination arbitraire ou toute restriction en violation directe des règles commerciales ».