Une fois la Suède et la Finlande admises, il ne restera plus que quatre pays de l’UE hors de l’Alliance : Autriche, Chypre, Irlande et Malte. Les pays de l’Otan qui ne font pas partie de l’UE, comme l’Albanie ou la Macédoine du Nord, sont candidats pour l’intégrer.
Les ambassadeurs de la Suède et de la Finlande ont présenté, hier à Bruxelles, leur dossier de candidature au secrétaire général de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (Otan), Jens Stoltenberg, rapporte l’AFP.
Ce dernier a salué «un moment historique à un moment critique pour notre sécurité». En visite à Rome, la Première ministre finlandaise, Sanna Marin, a indiqué un peu plus tard souhaiter une ratification «la plus rapide possible» de l’adhésion de son pays.
Membre de l’Otan, la Turquie s’oppose toutefois à l’adhésion des deux pays nordiques. Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a déclaré le même jour que les alliés de la Turquie «entendront (ses) inquiétudes».
«Nous ne pouvons dire oui», a-t-il affirmé. «Soutenir le terrorisme et demander (notre) appui est un manque de cohérence», a observé le chef de l’Etat qui reproche aux deux pays nordiques d’héberger des membres du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), classé comme organisation terroriste par Ankara, les Etats-Unis et l’Union européenne (UE).
«Notre seule attente est que l’Otan fasse preuve de bonne volonté envers les efforts légitimes de la Turquie pour protéger ses frontières», a-t-il soutenu. «Aucun de nos alliés n’a jamais respecté ces inquiétudes, je ne parle pas de soutien», a-t-il poursuivi.
Il a par ailleurs réitéré ses demandes d’extradition des «terroristes» hébergés par la Suède, auxquelles Stockholm, a-t-il accusé, n’a jamais répondu. Il a rappelé qu’«une trentaine de demandes d’extradition» avaient été repoussées.
Il a de nouveau averti que les émissaires suédois et finlandais annoncés lundi à Ankara ne sont pas les bienvenus : «Qu’ils ne se fatiguent pas», a-t-il martelé.
Vendredi, il avait déjà affiché son hostilité à l’intégration des deux pays nordiques dans l’Alliance. Il a indiqué ne pas vouloir voir «se répéter la même erreur que celle commise au moment de l’adhésion de la Grèce», un voisin avec lequel Ankara entretient historiquement des relations conflictuelles.
Avec d’autres pays européens, les deux pays ont interdit les exportations d’armes vers la Turquie en octobre 2019, en représailles d’une offensive turque dans le nord de la Syrie.
Ankara, dans les années 1990, avait menacé de bloquer l’élargissement de l’Otan à des pays d’Europe de l’Est, dans le but à l’époque de faire avancer sa candidature à l’Union européenne. En 2009, Ankara avait tenté d’empêcher le Danois Anders Fogh Rasmussen de prendre la tête de l’Otan.
Dix ans plus tard, dans un autre conflit lié notamment à la Libye et aux YPG kurdes, la Turquie avait cette fois obtenu des postes plus importants au sein de l’Otan.
Une fois la Suède et la Finlande admises, il ne restera plus que quatre pays de l’UE hors de l’Alliance : Autriche, Chypre, Irlande et Malte. Les pays de l’Otan qui ne font pas partie de l’UE, comme l’Albanie ou la Macédoine du Nord, sont candidats pour l’intégrer.
Par ailleurs, sur le site de l’aciérie Azovstal à Marioupol, «959 combattants (ukrainiens), dont 80 blessés, se sont constitués prisonniers» depuis lundi, a affirmé hier le ministère russe de la Défense.
L’Ukraine a assuré la semaine dernière que plus de 1000 de ses soldats, dont 600 blessés, se trouvaient dans cet immense complexe sidérurgique, dernier bastion de résistance aux forces de Moscou dans la ville ravagée par les combats.
La prise totale de Marioupol, cité portuaire stratégique sur la mer d’Azov, assiégée dès début mars par les Russes, constituerait une avancée importante pour Moscou dans ce conflit.
Elle lui permettrait de contrôler une bande de territoire allant de la péninsule de Crimée (sud), que la Russie a annexée en 2014, aux territoires du Donbass (est) déjà aux mains de séparatistes prorusses.
Moscou annonce l’expulsion de dizaines de diplomates européens
Par ailleurs, la Russie a annoncé hier expulser des dizaines de diplomates français, italiens et espagnols en représailles aux expulsions similaires de diplomates russes décidées dans la foulée de l’offensive russe en Ukraine.
Au total, 34 diplomates français doivent quitter la Russie d’ici deux semaines, alors que 27 diplomates espagnols, «collaborateurs de l’ambassade d’Espagne à Moscou et du consulat général d’Espagne à Saint-Pétersbourg» (nord-ouest) , ont sept jours pour quitter le pays, 24 diplomates italiens ayant eux huit jours pour partir», a indiqué la diplomatie russe dans des communiqués séparés.
La Russie a également annoncé le même jour fermer le bureau de Moscou de la radio télévision canadienne CBC et l’annulation des accréditations et visas de ses journalistes, en réplique à l’interdiction de diffusion de chaînes du groupe russe RT au Canada. «CBC est devenu un mégaphone de propagande» antirusse, a affirmé, lors d’un briefing hebdomadaire, la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova.
La France a annoncé en avril l’expulsion de 41 diplomates russes qui se livraient, selon elle, à des activités d’espionnage sous couvert de leur ambassade, précisant que la sanction s’inscrivait dans «une démarche européenne».
Le ministère français des Affaires étrangères a dénoncé la réplique russe, relevant que Paris a expulsé «plusieurs dizaines d’agents russes» soupçonnés d’être des espions.
«Le travail des diplomates et des personnels de notre ambassade en Russie s’inscrit à l’inverse pleinement dans le cadre de la Convention de Vienne sur les relations diplomatiques et consulaires», a souligné le Quai d’Orsay.
De nombreux autres pays européens, comme l’Allemagne, l’Italie, l’Espagne, la Slovénie, l’Autriche, la Pologne, la Grèce ou la Croatie, ont massivement expulsé des diplomates russes depuis le début de l’offensive russe en Ukraine le 24 février. Dans certains cas, ces expulsions ont été accompagnées d’accusations d’espionnage.
Moscou a promis de répondre à chacune de ces mesures et des dizaines de diplomates occidentaux ont déjà été expulsés de Russie. L’Italie a qualifié d’«acte hostile» la décision de Moscou, mais appelé à ne pas rompre les canaux diplomatiques avec la Russie. «C’est un acte hostile, mais il faut absolument éviter de rompre les relations diplomatiques.
Cela ne doit pas conduire à la rupture des canaux diplomatiques, parce que si nous parvenons à la paix, nous y parviendrons grâce à ces canaux diplomatiques», a déclaré le chef du gouvernement italien, Mario Draghi, lors d’une conférence de presse à Rome. L’Espagne «rejette» l’expulsion de 27 de ses diplomates, a indiqué pour sa part dans un communiqué le ministère espagnol des Affaires étrangères.
Par ailleurs, l’ambassadrice suédoise, Malena Mard, a été reçue hier, à sa propre demande, au ministère russe des Affaires étrangères pour informer Moscou, selon un communiqué de la diplomatie russe, de la décision du gouvernement suédois de demander l’adhésion à l’OTAN, vue d’un très mauvais œil par la Russie.
Dans ce contexte de tensions sans précédent entre les Russes et les Occidentaux, les élus municipaux de Moscou ont proposé hier de baptiser «Place des Défenseurs du Donbass» une zone, jusqu’ici sans nom, située devant l’ambassade des Etats-Unis dans la capitale russe.
En 2018, une portion d’avenue longeant l’ambassade de Russie à Washington a été officiellement baptisée «Boris Nemtsov Plaza», en mémoire de l’opposant russe assassiné à Moscou en 2015.