Abdelkader Affak. Président de l’association : «Le Cœur sur la main» «Nos donateurs subissent eux aussi la crise»

06/04/2022 mis à jour: 12:25
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  • Votre association, très active, intensifie ses efforts à l’occasion du mois de ramadhan. Pouvez-vous nous en parler davantage?

Nous pensons fortement que la plus grande violence que les hommes s’infligent entre eux c’est la misère. Les conséquences du confinement sanitaire dû à la pandémie de Covid-19, l’arrivée du mois de Ramadhan vont encore mettre les familles dans une situation insoutenable. 

Etre sage, c’est penser à l’intérêt commun et trouver une issue commune aux difficultés. C’est pourquoi nous intensifions nos actions durant ces périodes particulières de l’année. 

Pour le Ramadhan 2022, notre action consiste en la prise en charge de 300 familles à travers la distribution du couffin du Ramadhan et la réception au niveau de notre siège de dix étudiants issus des pays subsahariens chaque jour pour l’iftar. 

Cette dernière action durera 20 jours et est menée en collaboration avec l’association des étudiants subsahariens Carrefour Cadenkoso.

  • Quelles sont les catégories que vous ciblez en particulier ?

Nous ciblons généralement les mêmes catégories chaque année. Il s’agit des familles vulnérables et sans revenus. 

Depuis 2019, nous avons ajouté à notre liste de nouveaux critères, à savoir les travailleurs qui ont perdu leur emploi à cause de la pandémie.

  • Quel est votre constat par rapport aux Ramadhans passés, sachant que des pans entiers de la société, comme vous le dites, sont touchés de plein fouet par la crise (pandémie, chômage) ?

Cette année, le mois de Ramadhan se déroule dans des conditions socio-économiques plus difficiles. Les familles vivant sous le seuil de pauvreté et nécessiteuses augmentent d’une manière très inquiétante. 

La protection et l’accompagnement des plus vulnérables passe par l’implication des citoyennes et des citoyens dans l’élaboration, la mise en œuvre, le suivi et l’évaluation de la stratégie à mettre en place. 

Elle exige un partenariat entre tous les acteurs du développement tels que les institutions, la société civile, les collectivités locales et les entreprises. Il est malheureux de constater que les actions se répètent chaque année, sans un grand impact sur la situation à long terme.

  • Qu’en est-il de vos bienfaiteurs ? Sont-ils eux aussi affectés par la crise ?

Même les donateurs sont dans la crise. Nous avons été surpris de voir parmi nos bienfaiteurs des personnes venir chercher de l’aide cette année. 

Cela confirme combien la crise est grave. La crise socio-économique est là. Elle ne concerne pas que notre pays, mais le monde entier. 

Beaucoup de familles, qui dans le passé étaient loin du besoin, trouvent aujourd’hui des difficultés à subvenir à leurs besoins. La classe moyenne est presque inexistante.

Une situation qui constitue un handicap majeur dans l’action sociale. Il est temps de passer à un niveau supérieur de l’élaboration et de l’organisation du secteur de la solidarité. 

Nous devons réfléchir à long terme et trouver les moyens efficaces pour préserver ce qu’il reste de la classe moyenne et sauver les familles de la pauvreté. 

Propos recueillis par  Asma Bersali

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