«Les enfants innocents sont livrés à eux-mêmes, confrontés aux affres de la faim et du blocus», dénonce le diplomate algérien Toufik Laid Koudri.
L’Algérie a appelé, mardi depuis New York par la voix du membre de sa mission permanente auprès des Nations unies, Toufik Laid Koudri, à un arrêt permanent et total de l’agression sioniste contre la bande de Ghaza et à la levée immédiate du blocus qui lui est imposée, à travers l’ouverture des points de passage aux aides humanitaires tout en cessant les opérations de déportation.
«Après presque 19 mois d’une agression barbare contre un peuple sans défense, et plus de 70 jours d’un blocus implacable imposé à Ghaza, nous voici confrontés à une tragédie humaine dont la dimension n’est comparable qu’à l’ignominie morale qui s’attachera inexorablement à quiconque s’en rend complice, voire à ceux observant un silence coupable», a déploré M. Koudri lors d’une réunion du Conseil de sécurité consacrée à «la situation au Moyen-Orient, y compris la question palestinienne».
«Seules la mort, les bombes et les balles sont autorisées d’entrer à Ghaza, au moment où les nourrissons sont privés de lait, l’eau et les médicaments sont interdits, et les points de passage sont fermés à la vie. Les enfants innocents sont livrés à eux-mêmes, confrontés aux affres de la faim et du blocus», dénonce le diplomate algérien.
«Les habitants de Ghaza sont privés de tout, à l’exception de la mort et de la peur, en regardant leurs maisons s’effondrer, et leurs corps émaciés s’éteindre, une scène qui démasque la déshumanisation d’un monde qui semble s’être accoutumé à contempler la catastrophe sans agir (...)», poursuit-il. Il a affirmé, dans ce contexte, que «le système des valeurs qu’on croyait, jusqu’à pas longtemps, nous unir s’est effondré aujourd’hui», ajoutant : «Nous sommes à un tournant décisif (...) où le Palestinien est traité, comme un être vivant sans droit à la vie, à l’espoir et à la dignité.»
Evoquant le blocus imposé par l’occupation sioniste à l’entrée des aides dans la bande de Ghaza, l’intervenant a souligné qu’il s’agissait d'«un crime de famine systématique» contre plus de deux millions de Palestiniens, «un crime à part entière dont l’auteur est connu et condamné», sur fond des dénonciations et des appels à un cessez-le-feu immédiat et à la reddition des comptes.
«Agression injuste»
Il a souligné qu’en une semaine, 14 personnes âgées sont mortes de faim à Ghaza et 57 enfants de malnutrition depuis le 2 mars dernier, précisant que ce bilan est appelé à s’alourdir avec l’effondrement du système de santé et de l’action humanitaire, les organisations humanitaires mettant en garde contre un risque de famine touchant plus de 93% des enfants de Ghaza, soit 930 000 enfants.
Au moment où la population de Ghaza vit une catastrophe humaine, «plus de 3000 camions et 116 000 tonnes métriques de produits alimentaires attendent une autorisation pour être acheminés à Ghaza», un acheminement entravé par l’occupation «dans une violation flagrante du droit international et en violation directe des décisions de la Cour internationale de justice (CIJ)».
Le diplomate a précisé qu’après les restrictions imposées par l’occupant aux organisations humanitaires, «ce dernier a procédé à la promotion d’un plan faussement qualifié d’humanitaire (...)», précisant qu’il s’agissait d’un «plan rejeté», comme l’avaient déclaré les Nations unies et les organisations humanitaires, car ne répondant pas «aux besoins urgents et fondamentaux de plus de deux millions de personnes (...)».
M. Koudri a précisé qu'il était temps pour le Conseil de sécurité, «auquel a été confiée la responsabilité de maintenir la paix et la sécurité internationales, d'entendre la voix de Ghaza (...)», ajoutant «qu’il n’est plus possible pour le monde de rester les bras croisés et de regarder l’extermination en silence d’un peuple, assiégé par l’abandon et privé de ses droits les plus fondamentaux à la vie».
Enfin, Toufik Laid Koudri a appelé à «un arrêt permanent et total de cette agression injuste, à la levée du siège sur la population de Ghaza, à l’ouverture des points de passage à l’aide humanitaire et à la cessation de toute opération de déportation», soutenant que «le peuple palestinien aspire à une patrie et à la dignité. Il veut une paix inconditionnelle et à part entière, une paix juste et durable. Il aspire à un Etat indépendant, la Palestine, avec El Qods pour capitale».
OMS : Plus de 57 enfants décédés
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a mis en garde mardi contre l’impact de la faim sur «toute une génération» d’habitants de la bande de Ghaza, en proie à des agressions sionistes barbares depuis octobre 2023, relevant que plus de 57 enfants palestiniens seraient morts en martyrs des suites de malnutrition dans l’enclave palestinienne. Citant des données du ministère palestinien de la Santé, l’OMS indique qu’au moins 57 enfants sont morts des effets de la malnutrition à Ghaza, depuis le début du blocus de l’aide humanitaire le 2 mars dernier, alors que l’armée sioniste a repris ses frappes sur l’enclave palestinienne.
Depuis le début des agressions sionistes contre Ghaza, l’intégralité de la population palestinienne, soit environ 2,1 millions de personnes, est confrontée à «un risque critique de famine», avec 22% de la population bientôt dans une situation «catastrophique», ont alerté lundi des agences de l’ONU. Du 1er avril au 10 mai, le consortium, qui classe le niveau d’insécurité alimentaire selon cinq niveaux (IPC), a classé 244 000 personnes en situation de catastrophe (niveau 5) et 925 000 en niveau 4 (urgence).