Guerre contre Ghaza : Des voix s’élèvent contre l’hécatombe infligée aux journalistes

15/04/2025 mis à jour: 00:53
675
Photo : D. R.

Les signataires de la tribune sont formels : l’armée israélienne mène une guerre contre l’information elle-même. En visant les reporters, photographes, techniciens des médias, elle cherche à effacer toute trace de la réalité sur le terrain.

Alors que les bombardements s’intensifient sur la bande de Ghaza, la communauté journalistique française tire une nouvelle fois sonnette d’alarme. Dans une tribune publiée par le journal Le Monde, plus de 40 organisations et syndicats de la profession, dont le SNJ, la CGT, la CFDT, Reporters sans frontières (RSF), la Fédération internationale des journalistes (FIJ), ainsi qu’une quarantaine de sociétés de journalistes (AFP, Le Monde, Libération, Mediapart, France Télévisions, Radio France, RFI, L’Obs, La Croix, etc.) dénoncent ce qu’ils qualifient d’«hécatombe d’une magnitude jamais vue» contre leurs confrères palestiniens.

Selon les données compilées, près de 200 journalistes ont été tués à Ghaza depuis le début de la guerre, le 7 octobre 2023. Une guerre déclenchée après une attaque armée du Hamas ayant causé 1218 morts côté israélien dont des militaires, selon des chiffres officiels. Depuis, la riposte militaire israélienne s’est transformée en une campagne d’anéantissement où les journalistes figurent en première ligne des cibles.

Les signataires de la tribune sont formels : l’armée israélienne mène une guerre contre l’information elle-même. En visant les reporters, photographes, techniciens des médias, elle cherche à effacer toute trace de la réalité sur le terrain. «L’armée israélienne impose un black-out médiatique sur Ghaza», écrivent-ils, en accusant les forces sionistes de vouloir «réduire au silence les témoins directs des crimes de guerre commis par leurs troupes».

Cette stratégie passe aussi par le refus total d’accès à Ghaza pour la presse étrangère, imposé depuis des mois par le gouvernement israélien. Même les grands médias internationaux, BBC, Al Jazeera, Reuters, CNN, France 24, se voient refuser l’entrée dans l’enclave. Seuls les journalistes palestiniens restés sur place documentent les frappes, souvent au prix de leur vie. Depuis la reprise des opérations criminelles des militaires israéliens le 18 mars dernier, le ministère de la Santé à Ghaza fait état de 1574 morts supplémentaires.

Au total, 50 944 Palestiniens ont été tués en 18 mois, dans une guerre menée sans interruption sur un territoire bouclé, privé d’électricité, de soins, de nourriture et de voies de fuite. Le collectif des journalistes rend aussi hommage à tous les confrères tués, quelle que soit leur nationalité : quatre journalistes israéliens sont morts dans l’attaque du Hamas du 7 octobre 2023, neuf journalistes libanais et une journaliste syrienne ont péri sous les frappes israéliennes depuis.

Face à ce bilan effroyable, les syndicats et organisations appellent à des rassemblements simultanés mercredi 16 avril à 18h, à Paris (Opéra Bastille) et Marseille (Vieux-Port). Objectif : dénoncer la complicité des Etats occidentaux, exiger la fin du blocus médiatique sur Ghaza et réclamer une protection internationale réelle pour les journalistes en zone de guerre. Ces voix, solidaires de leurs confrères palestiniens, refusent que le silence devienne la norme. Le journalisme n’est pas un crime. Documenter la guerre n’est pas une menace. Mais dans Ghaza assiégée, ceux qui filment, écrivent ou témoignent sont devenus les premières cibles à abattre.

Le Parlement arabe condamne le bombardement de l’hôpital Al Ahli

Le Parlement arabe a condamné le bombardement par l’armée sioniste de l’hôpital Al Ahli de la bande de Ghaza, qualifiant l’acte de violation flagrante de toutes les conventions et normes internationales en la matière. Dans un communiqué relayé hier par l’agence de presse palestinienne Wafa, le Parlement arabe a souligné que cet acte représente un «nouveau chapitre dans la série de crimes et de violations systématiques» perpétrés par l’occupation sioniste contre le peuple palestinien, et un «ciblage délibéré des installations civiles et médicales, y compris les hôpitaux, qui sont un havre humanitaire qui ne doit être violé en aucune circonstance, franchissant toutes les lignes rouges».

Il a mis en garde, à cet effet, contre les «graves répercussions» du silence international persistant concernant ces crimes, qui a donné le feu vert à l’occupation pour poursuivre sa guerre d’extermination, qui dure depuis plus de 19 mois, faisant plus de 170 000 martyrs et blessés, en plus des disparus, dans un «plan systématique visant à vider la terre de son peuple et à éliminer la présence palestinienne».

A cet égard, le Parlement arabe a appelé la communauté internationale à assumer ses responsabilités pour mettre un terme à la guerre d’extermination contre des civils innocents, y compris des enfants et des femmes, et à œuvrer à fournir une protection internationale au peuple palestinien et aux installations médicales dans la bande de Ghaza. Le Parlement arabe a réitéré également son soutien au peuple palestinien dans sa juste lutte pour obtenir ses droits légitimes, au premier rang desquels le droit à la vie, à la liberté et à la dignité.

Copyright 2025 . All Rights Reserved.