Le Hamas s’est dit prêt à libérer tous les otages enlevés durant l’attaque du 7 octobre dans le cadre d’un accord global mettant fin à la guerre, qui verrait notamment un retrait total israélien de Ghaza et exclurait son désarmement.
Alors que les appels se sont multipliés pour réclamer un cessez-le-feu à Ghaza, l’armée israélienne continue de semer la mort et la terreur parmi les Palestiniens. Elle a annoncé, hier, avoir entamé une «vaste opération terrestre dans le nord et le sud de la bande de Ghaza au cours des dernières 24 heures», dans le cadre de l’opération «Les chariots de Gédéon».
Dans un communiqué publié sur X, elle affirme que son aviation a frappé «plus de 670 cibles du Hamas» dans le territoire palestinien au cours de la semaine écoulée, afin de «perturber les préparatifs de l’ennemi et d’aider les opérations au sol». Elle affirme en outre avoir «éliminé des dizaines de terroristes» et «occuper maintenant des zones contrôlées» de la bande de Ghaza.
Cette déclaration est intervenue au lendemain de l’intensification par l’armée de sa campagne aérienne et terrestre, une démarche qui a provoqué la réprobation à l’international. La Défense civile de la bande de Ghaza a annoncé, hier, la mort d’au moins 50 personnes qui ont été «transférées dans les hôpitaux après les frappes aériennes israéliennes continues depuis les premières heures du jour», selon un premier bilan de l’organisation de secouristes.
Un peu plus tôt, l’agence de presse palestinienne Wafa avait rapporté la mort d’au moins 18 personnes dans de nouveaux raids israéliens sur différentes zones du territoire palestinien assiégé et dévasté, évoquant, notamment, un «ciblage de drone militaire» et le «bombardement d’un véhicule» dans la localité de Beit Lahia (nord), des frappes de l’aviation israélienne dans le camp de réfugiés de Jabaliya (nord), dans la ville de Ghaza, à Deir Al Balah (centre) ainsi qu’un raid ciblant des tentes de déplacés à Khan Younès (sud).
L’intensité des frappes aériennes israéliennes continue d’augmenter, rendant la Défense civile «incapable de répondre aux appels d’urgence», indique l’organisation de secouristes dans un communiqué publié sur Telegram. Celle-ci fait face à «une grave pénurie de ressources essentielles (…).
75% des véhicules de la Protection civile sont désormais hors service dans tous les gouvernorats de la bande de Ghaza en raison de l’indisponibilité du carburant nécessaire à leur fonctionnement», rapporte-t-elle, rappelant qu’Israël continue de bloquer l’entrée de carburant, «même en quantité minime, nécessaire au fonctionnement des services humanitaires».
«Dans les prochaines 72 heures, tous nos services de véhicules pourraient être complètement interrompus et nos équipes ne pourront pas accomplir leurs tâches humanitaires, à moins que du carburant ne soit livré immédiatement», avertit la Défense civile.
Alors que le Hamas a annoncé la reprise de négociations indirectes avec Israël à Doha «sans aucune condition préalable», le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, s’est dit ouvert à un accord incluant la fin de l’offensive de son armée à Ghaza. Mais, il a aussi affirmé que l’accord devrait inclure l’«exil» du Hamas et le «désarmement» du territoire palestinien.
«Stop au génocide maintenant»
Le Hamas s’est dit prêt à libérer tous les otages enlevés durant l’attaque du 7 octobre dans le cadre d’un accord global mettant fin à la guerre, qui verrait notamment un retrait total israélien de Ghaza et exclurait son désarmement. Après le blocage de négociations pour prolonger une trêve qui a duré deux mois, Israël a repris le 18 mars ses bombardements dévastateurs à Ghaza.
En outre, depuis le 2 mars, il bloque l’entrée de toute aide humanitaire vitale pour la population du territoire. Dans sa déclaration finale, le sommet arabe, réuni avant-hier à Baghdad (Irak), a réclamé des pressions internationales accrues pour stopper «l’effusion de sang» et appelé la communauté internationale à financer un plan arabe de reconstruction du territoire palestinien.
Par ailleurs, des députés et eurodéputés italiens se sont rendus, le même jour, devant le point de passage de Rafah, situé du côté égyptien de la frontière avec Ghaza, pour réclamer l’acheminement d’une aide humanitaire d’urgence dans l’enclave. «L'Europe ne fait pas assez, rien pour arrêter le massacre», a déclaré la député européenne socialiste et démocrate Cecilia Strada, lors de ce déplacement à Rafah, un des couloirs terrestres d’acheminement d’aide humanitaire pour les 2,4 millions d’habitants de Ghaza.
«C’est une frontière fermée, (...) par laquelle les aides ne passent plus depuis des mois», a pour sa part déclaré Walter Massa, président de l’ONG Associazione Ricreativa Culturale Italiana. «Nous entendons en ce moment les bombes, les explosions à seulement 12 kilomètres de nous», a-t-il dit. La délégation italienne comprenait 11 parlementaires, trois eurodéputés et des représentants d’ONG, selon Francesco Verdolini, attaché de presse du réseau d’organisations italiennes AOI, lui-même présent sur place.
Les Italiens ont brandi des pancartes «Stop au génocide maintenant», «Fin de l’occupation illégale» ou encore «Stop à l’armement d’Israël». Des jouets ont été déposés au sol, en signe de solidarité avec les enfants de Ghaza, comme le montrent des photos postées par Walter Massa sur son compte Instagram.
Le chef de la diplomatie italienne, Antonio Tajani, a exhorté, avant-hier, Israël à mettre fin aux attaques sur Ghaza. Sur place, Cecilia Strada a plaidé pour un «embargo total» sur les armes à destination et en provenance d’Israël, pour un arrêt du commerce avec les colonies israéliennes illégales et pour la suspension de l’accord commercial entre l’UE et Israël, «qui devrait être basé sur le respect des droits de l’homme».