Deux mois après le début du blocus total de Ghaza, Amnesty International dénonce un acte de génocide délibéré, perpétré par Israël. L’ONG appelle à une levée immédiate du siège et exhorte la communauté internationale à mettre fin à ce qu’elle décrit comme une punition collective illégale et un crime de guerre.
Depuis le 2 mars 2025, Israël a interdit toute entrée de biens humanitaires et de marchandises dans la bande de Ghaza.
Ce blocus, affirme Amnesty, ne vise pas seulement à priver la population civile de nourriture et de biens de première nécessité, il s’inscrit dans une stratégie plus large de destruction physique du peuple palestinien. «Il s’agit d’un génocide en acte», tranche Erika Guevara Rosas, l’une des dirigeantes de l’organisation.
Les témoignages recueillis par Amnesty en avril font état d’un effondrement complet des conditions de vie. L’accès à l’eau potable est quasi inexistant, l’alimentation introuvable et les infrastructures de santé incapables de répondre aux besoins d’une population piégée dans une zone de guerre. A Ghaza, même l’acte de nourrir sa famille devient un pari mortel.
«Quand je vais pêcher, je sais que je peux mourir, mais je n’ai pas le choix», confie un habitant. Le siège israélien a paralysé les derniers services encore fonctionnels. La seule usine de dessalement a été mise à l’arrêt après une coupure de courant imposée par Israël. Le gaz de cuisine est introuvable, le bois inabordable.
Les Ghazaouis brûlent des déchets, au risque de graves maladies respiratoires. Le tableau dressé par Amnesty est glaçant : enfants dénutris, nourrissons sans lait, femmes enceintes affaiblies, files interminables pour un seul repas, services hospitaliers à l’arrêt.
A l’hôpital pédiatrique Al Rantissi, les médecins traitent des enfants, que la faim fait décliner jour après jour, sans les médicaments nécessaires. La situation est aggravée par les divisions internes à Ghaza. Des protestations ont éclaté contre le Hamas, accusé par une partie de la population de laisser prospérer la spéculation et le détournement de l’aide. Mais Amnesty rappelle que le blocus imposé par Israël reste l’origine première de la catastrophe.
Cette semaine, la Cour internationale de justice examine la responsabilité d’Israël dans l’entrave aux activités humanitaires à Ghaza. Plusieurs décisions de la CIJ restent ignorées par Tel-Aviv, notamment celle garantissant l’acheminement sans entrave de l’aide humanitaire.
Amnesty appelle les Etats tiers à cesser de «fermer les yeux». «Leur inaction rend ces atrocités politiquement et économiquement viables pour Israël», affirme Erika Guevara Rosas. L’organisation réclame un embargo total sur les armes et une coopération pleine avec la Cour pénale internationale.
Depuis 2007, Israël impose un blocus terrestre, maritime et aérien sur Ghaza. Mais la période actuelle marque un tournant. L’aide est désormais bloquée à 100%, les conditions de vie sont intenables et la famine s’installe durablement.
Amnesty International conclut sans détour : «Ghaza est devenu un lieu de mort et la communauté internationale ne peut plus se permettre de rester spectatrice.»