Le crédit automobile enregistre une forte augmentation. Face à cela, il y a un manque criant en matière de disponibilité de véhicules.
Par Aziz Kharoum
Mail : [email protected]
La relance de l’activité dans le secteur de l’automobile, amorcé dès l’année 2023, a été accompagnée par divers décisions gouvernementales ayant pour objectif de faciliter aux consommateurs algériens l’acquisition de véhicules neufs.
Parmi ces mesures, l’ouverture du marché à l’importation de véhicules et l’industrie. Il aura fallu, pour accompagner la forte demande, lancer dans la même perspective des offres de financement bancaire de ces véhicules. Une démarche facilitatrice qui a pour, effet, d’offrir une accessibilité calculée sur les besoins de la clientèle, tout en favorisant en parallèle la production locale dans le secteur de l’industrie automobile du pays.
De manière générale, les banques permettent à leurs clients, à travers les offres déclinées sous plusieurs formes, classiques et financement islamique appelées autrement, Mourabaha, Taysir, Sayarat, de payer uniquement un taux de 10% dès le dépôt du dossier et continuer le reste des échéances de paiement, modulable selon les revenus de l’emprunteur, une fois que la formalisation du contrat final de l’achat se concrétise.
Certaines banques innovent et poussent plus loin l’offre avec des montages financiers internes. Cela consiste en l’achat de lots de véhicules destinés à la revente avec à la clé, un échelonnement de paiement au profit d’une clientèle à la recherche d’une acquisition immédiate. Un dispositif bancaire qui a connu un fort engouement dès son lancement.
Sauf que, ces derniers mois, la souscription à ces diverses offres de financement dévoile toute sa complexité. Des responsables d’agences bancaires indiquent que leurs services en charge des dossiers du crédit automobile sont fortement sollicités par les clients pour le dépôt des dossiers et le suivi des procédures.
Une telle situation fait qu’aujourd’hui, prendre en charge le dossier d’un client ayant souscrit aux formules de crédit automobile et délivrer l’approbation dans les 48 heures qui suivent le dépôt, tel qu’il a été annoncé initialement par ces banques, relève de l’exploit. Il faudra attendre plusieurs semaines afin d’espérer recevoir une réponse favorable de la part de la banque.
Complexité
Interrogé sur la question, un cadre responsable d’une banque publique indique que le problème dépasse les compétences de l’institution bancaire. «Nous recevons quotidiennement des dizaines de clients qui souhaitent accéder à l’offre du crédit automobile. Leurs dossiers sont pris en charge une fois qu’ils ont l’accord de principe des concessionnaires automobiles permettant le lancement de l’opération de financement.
La période du traitement de dossier varie donc en fonction de l’efficacité des prestataires automobiles», explique le responsable.
D’après ce dernier, toute la difficulté reste liée à la disponibilité en temps réel du véhicule. Sous cette optique, il faut dire que les choses se gâtent ! Même si les consommateurs parviennent à obtenir auprès des concessionnaires automobiles le document nécessaire permettant de contracter le prêt bancaire pour le financement du véhicule, les délais de livraison du véhicule restent le plus gros du problème.
Aujourd’hui, si l’on prend en considération les évolutions du marché marqué par la rareté du véhicule neuf, il est évident qu’aucune des marques présentes sur le marché ne pourra concrètement garantir la livraison des véhicules dans les délais convenus, tels que prescrit dans le contrat d’engagement entre les concessionnaires et les clients.
Pour le simple exemple, les marques Chery et Geely, qui offraient la possibilité d’achat de leurs véhicules par le biais d’un financement bancaire, ne peuvent plus se le permettre en raison d’une rupture de stock sur le quota délivré durant l’année 2023, quand bien même la procédure de financement bancaire reste à l’ordre du jour.
La marque Fiat, quant à elle, parvient à gérer la situation mais difficilement grâce à la disponibilité de véhicules produits localement. Sauf que cette dernière marque ne peut couvrir qu’une partie des besoins du marché, caractérisé par une demande en constante hausse.
Le président de l’association des banques Lazhar Latrèche avait insisté lors du lancement des opérations de financement du crédit véhicules sur la bonne santé des banques algériennes. «Plus de 20 000 milliards de dinars de liquidités sont disponibles au niveau du marché bancaire et sont destinés à financer les besoins du marché», avait-il souligné dans une déclaration médiatique. Face à cela, il y a l’offre en véhicules qui ne suit pas. Force est de constater que l’offre bancaire pour le secteur de véhicules soulève aujourd’hui toute sa complexité sur le terrain.
Il faudrait peut-être attendre encore l’arrivée de nouveaux opérateurs dans la production automobile multiformes (voitures, camionnettes, camions, bus, motocycles, tracteurs…), pour raviver les ambitions des consommateurs et les différents organismes financiers.