En échange d’un cessez-le-feu durable à Ghaza : Hamas se dit prêt à «libérer tous les otages»

15/04/2025 mis à jour: 00:38
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Des combattants du Hamas entourant les otages libérés - Photo : D. R.

«Le Hamas est prêt à libérer tous les otages israéliens dans le cadre d’un accord d’échange global qui comprend l’arrêt complet de la guerre et le début de la reconstruction de Ghaza», a déclaré, samedi à Al Jazeera, Tahar Al Nounou, membre de la direction politique du Hamas. Propos qu’il a confirmés hier à l’AFP.

Alors que Ghaza subit de nouveau l’enfer sous le feu nourri de la machine de guerre sioniste, Hamas se dit prêt à libérer tous les otages israéliens qui sont encore entre ses mains en échange de l’arrêt de la campagne militaire de l’Etat hébreux. Intervenant samedi soir sur Al Jazeera Mubasher, Tahar Al-Nounou, un haut cadre dirigeant du Hamas, a, en effet, affirmé : «Le Hamas est prêt à libérer tous les otages israéliens dans le cadre d’un accord d’échange global qui comprend l’arrêt complet de la guerre et le début de la reconstruction de la bande de Ghaza.» Fustigeant la mauvaise foi du gouvernement Netanyahu, Al Nounou a tenu à souligner que «l’occupant ne veut que le retour de ses prisonniers sans aucun engagement clair à mettre fin à l’agression».

«Le mouvement n’a reçu aucune nouvelle proposition relative à un échange de prisonniers dans le cadre de l’accord de cessez-le-feu», a-t-il soutenu. Israël ne fait que «diffuser de fausses informations» concernant l’évolution des négociations, a-t-il encore dénoncé, faisant croire que les Palestiniens auraient rejeté «de nouvelles offres» de paix, ce qu’il a catégoriquement nié. Le haut responsable politique a précisé par ailleurs que «la question ne réside pas dans le nombre de prisonniers à libérer dans le cadre de l’accord d’échange, mais dans le fait que l’occupant recule et renie ses engagements d’arrêter la guerre».

«L’administration de Ghaza est une affaire interne»

Autre point litigieux : l’administration de la bande de Ghaza après la guerre et la question de savoir si le Hamas va continuer à gouverner le territoire qu’il dirige depuis 2007. «L’administration de la bande de Ghaza est une affaire purement palestinienne», a tranché le dirigeant islamiste. «Aucune partie ou force étrangères ne peuvent être acceptées dans la bande de Ghaza, quelles que soient les circonstances», a-t-il insisté. Dans le même sens, Al Nounou a rejeté avec énergie la perspective de la démilitarisation de Hamas à laquelle appellent Israël et les pays occidentaux, les Etats-Unis en tête. «L’arme de la résistance est non négociable», a-t-il martelé, ajoutant que l’arsenal du Hamas demeurera aux mains du mouvement «tant que l’occupation persistera».

C’est une «constante» sur laquelle Hamas ne transigera jamais, a-t-il renchéri. 
Ce lundi, le dirigeant palestinien a confirmé la teneur de ses propos auprès de l’AFP. «Nous sommes prêts à libérer tous les (otages) israéliens dans le cadre d’un véritable accord d’échange de prisonniers, et en échange de la cessation de la guerre, du retrait des forces israéliennes de la bande de Ghaza et de l’entrée d’aide humanitaire», a-t-il répété.

Tahar Al Nounou a pointé de nouveau la duplicité de la partie israélienne et le rejet par Netanyahu de tout accord pouvant mener vers un cessez-le-feu durable. «C’est pourquoi le Hamas a insisté sur la nécessité de garanties afin de contraindre Israël à respecter l’accord», a-t-il expliqué. Relayant une information donnée par un site israélien, l’AFP a fait état d’une «nouvelle proposition» soumise au Hamas, et qui prévoit «la libération de dix otages vivants en échange de garanties américaines qu’Israël entamera des négociations sur une deuxième phase du cessez-le-feu».

La première phase de la trêve, qui s’est étalée du 19 janvier au 17 mars, «avait permis le retour de 33 otages, incluant huit morts, en échange de la libération par Israël d’environ 1800 prisonniers palestiniens», indique l’AFP, avant d’ajouter : «Les efforts en vue de restaurer le cessez-le-feu se sont jusqu’à présent heurtés à des désaccords sur le nombre d’otages que le Hamas devrait libérer.»

«Écarter Hamas et réformer l’Autorité palestinienne»

Le président français, Emmanuel Macron, a eu un échange téléphonique hier avec le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, au cours duquel il l’a exhorté à «écarter» le Hamas de Ghaza et à «réformer» l’Autorité palestinienne afin «d’avancer vers la solution politique à deux Etats», rapporte l’Agence France-Presse.

«Il est essentiel de bâtir un cadre pour le jour d’après : désarmer et écarter le Hamas, définir une gouvernance crédible et réformer l’Autorité palestinienne», a écrit Macron sur la plateforme X à l’issue de l’échange qu’il a eu avec Mahmoud Abbas. S’il est prêt à céder le pouvoir, sous certaines conditions, dans son fief, c’est-à-dire la bande de Ghaza, en revanche, il n’est pas du tout certain que le Hamas puisse accepter de renoncer à son arsenal de guerre comme l’a clairement dit Tahar Al Nounou. 

Samedi, le mouvement de résistance palestinien a dépêché une délégation conduite par Khalil al Hayya, le chef du bureau politique du Hamas au Caire pour rencontrer les médiateurs égyptiens et qataris. Pour l’heure, rien n’a filtré quant à la teneur de ces discussions et leur chance d’aboutir à un accord de trêve. Le Hamas a déclaré dans un communiqué qu’il était prêt à cautionner «toute proposition garantissant un cessez-le-feu permanent, un retrait total des forces d’occupation de la bande de Ghaza, la fin des souffrances du peuple palestinien et un accord d’échange sérieux».

Selon Al Jazeera, l’occupant israélien a procédé à la libération, hier, de dix prisonniers palestiniens qui avaient été arrêtés il y a six mois dans la bande de Ghaza. Dans un communiqué, l’instance qui suit les affaires des détenus palestiniens a déclaré que «les dix prisonniers sont arrivés à l’hôpital des Martyrs d’Al-Aqsa dans la ville de Deir al-Balah, dans le centre de la bande de Ghaza, en mauvaise santé en raison des sévices et des actes de torture qu’ils ont subis dans les prisons israéliennes».

La même instance a précisé que les détenus libérés «avaient été arrêtés par l’armée d’occupation israélienne lors du siège du camp de réfugiés de Jabalia, dans le nord de la bande de Ghaza». Jeudi dernier, l’entité sioniste avait libéré 80 prisonniers palestiniens de différents secteurs de Ghaza. Ils ont été incarcérés «dans des conditions sanitaires et psychologiques insoutenables» selon l’instance de suivi des prisonniers palestiniens.

 

 

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