Dr Ladjadj Ouiza : «Les inspections se poursuivront»

31/01/2022 mis à jour: 07:45
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Dr Ladjadj Ouiza, Inspectrice générale au ministère de l’Industrie pharmaceutique / Photo : D. R.

Conformément aux instructions du ministre de l’Industrie pharmaceutique, Lotfi Benbahmed, et en application à la série de mesure prises, la semaine dernière, en marge de la réunion de l’Observatoire national de veille sur la disponibilité des médicaments, le programme d’inspection mis en place depuis l’été dernier concernant la mise en conformité des établissements pharmaceutiques prévu par le décret exécutif 21-82 du 23 de février 2021 portant sur les conditions d’agréments, notamment pour la distribution et qui prend effet ce mois de février se poursuit.

  • Des opérations d’inspection dans le Centre et l’Est du pays sont menées par des brigades mixtes depuis une semaine, en collaboration avec l’Agence nationale des produits pharmaceutiques (ANPP) et les directions de wilaya du ministère du Commerce ? Quel est l’objectif et quelles sont les conclusions de ces inspections ?

Conformément aux instructions du ministre de l’Industrie pharmaceutique, Lotfi Benbahmed, et en application à la série de mesure prises, la semaine dernière, en marge de la réunion de l’Observatoire national de veille sur la disponibilité des médicaments, le programme d’inspection mis en place depuis l’été dernier concernant la mise en conformité des établissements pharmaceutiques prévu par le décret exécutif 21-82 du 23 de février 2021 portant sur les conditions d’agréments, notamment pour la distribution et qui prend effet ce mois de février se poursuit.

Pour s’assurer de la disponibilité continue des médicaments utilisés dans le protocole thérapeutique anti-Covid-19, le ministère de l’Industrie pharmaceutique a arrêté un vaste programme d’inspection qui sera renforcé à partir du 31 janvier 2022 par l’intervention des brigades d’inspection mixtes ministère du Commerce-ministère de l’Industrie pharmaceutique, installées le jeudi 20 janvier 2022 au ministère du Commerce.

Ces inspections ont pour but, entre autres, de vérifier les quantités de médicaments dédiés à la Covid déclarés sur la plateforme de notre ministère et les stocks détenus par ces établissements.

Ces brigades mixtes sont chargées de veiller au respect des instructions, en l’occurrence les réquisition et de lutter contre toutes les pratiques commerciales susceptibles d’entraîner des tensions et des ruptures d’approvisionnement de certains médicaments, telles les pratiques de rétention, de ventes concomitantes, de vente dite par packs, et qui exposeraient les contrevenant à des sanctions administratives, financières et pénales, conformément à la législation en vigueur.

Nos équipes déployées sur le terrain ont découvert, et nous avons été surpris, des quantités faramineuses stockées et non déclarées chez de grandes et petites entreprises de distribution.

En moins d’une semaine, soit du 23 au 27 janvier, seize opérations d’inspection au centre et à l’est du pays nous ont permis de constater la rétention de 16 000 boîtes d’Enoxaparine et 250 000 boîtes de Paracétamol. Ce qui nous a étonné le plus, ce sont les petites entreprises qui détiennent le plus de stock de produits, dont trois à elles seules cumulent 60 000 boîtes de Paracétamol.

Des mises en demeure ont été donc notifiées à 15 entreprises et toutes ces quantités de médicaments ont été ventilées vers les pharmacies d’officine, 48 heures après les mises en demeure selon le constat établi par les inspections menées jeudi 27 janvier. Des fermetures d’établissements pharmaceutiques de distribution vont être notifiées.

  • Quels étaient alors les arguments avancés par ces distributeurs de médicaments pour justifier ce surstockage des médicaments, alors que des malades en avaient besoin ?

Les justificatifs prononcés diffèrent d’un établissement à un autre. Pour certains, ce sont des quantités qui constituent le portefeuille client, alors que d’autres appréhendent un manque de ces produits ou de la matière première dans les prochains jours, notamment avec la flambée des cas de Covid.

Après vérification de toutes les données, des mises en demeure ont été donc notifiées sur place pour certains établissements et les directeurs techniques pour les autres ont été convoqués pour les sensibiliser et leur rappeler leurs responsabilités et les sanctions pour tout manquement aux dispositions réglementaires en vigueur, notamment l’inobservance de la mesure relative à la réquisition des établissements pharmaceutiques de distribution avec obligation de mise à la disposition des officines de toutes les quantités disponibles en stock des médicaments inscrits dans le protocole thérapeutique anti-Covid-19, dans un délai maximum de 48 heures.

Il faut savoir que les médicaments et la matière première particulièrement pour ces produits sous tension sont disponibles chez les producteurs.

Je rappelle que suite aux instructions de du ministre de l’Industrie pharmaceutique, les fabricants ont augmenté leurs capacités de production en passant aux brigades trois fois huit pour assurer la disponibilité des produits qui connaissent une grande pression, à l’instar de Varenox, le Paracétamol et les antibiotiques.

Actuellement, nous avons les capacités nécessaires pour répondre à la demande. Les inspections se poursuivront dans les différentes wilayas pour tous les produits, à part ceux dédiés à la Covid au cours de l’année et les contrevenants seront sanctionnés et au-delà des mises en demeure nous allons procéder à des fermetures conformément à la réglementation. La liste des entreprises pharmaceutiques de distribution sera définitivement établie.

  • Qu’en est-il au niveau des pharmacies d’officines dont certaines dispensent largement ces produits sans prescription médicale, notamment les antibiotiques ?

Nous souhaitons que la troisième chaîne du processus pour l’acquisition de ces médicaments  constituant la pharmacie d’officine respecte les conditions relatives à la dispensation des médicaments.

Le pharmacien d’officine qui est un acteur actif pour la préservation de la santé du malade doit sensibiliser et conseiller sur le mésusage des médicaments et leurs conséquences sur la santé des citoyens. Pour ce qui est du contrôle, je rappelle que les pharmacies d’officine sont rattachées au ministère de la Santé.

  • Des médicaments anticancéreux indiqués dans le traitement des cancers pédiatriques sont également en rupture depuis plusieurs mois dans les hôpitaux, tels que le methotrexate. Comment expliquez-vous cela ?

Ce médicament connaît une tension mondiale et il était effectivement en rupture. Un quota de 1000 flacons a été distribué en attendant l’arrivée de la commande passée par la PCH, dont les quantités suffiront pour une année.

Il est important de souligner que le ministre de l’Industrie pharmaceutique n’a pas de visibilité sur les stocks de médicaments détenus par la Pharmacie centrale des hôpitaux (PCH) et nous sommes informés occasionnellement de ruptures et nous agissons dans l’urgence.

Actuellement, nous travaillons dans le cadre de l’observatoire de veille pour la rupture de médicaments via notre plateforme et nous sommes en contact avec la directrice de la pharmacie au ministère de la Santé pour rendre ces données disponibles et agir en amont pour éviter de telles situations de rupture.

D’ailleurs une réunion est prévue ce lundi (aujourd’hui, ndlr). Il faut savoir également que le produit en question n’intéresse pas beaucoup de laboratoire, vu son prix qui n’est pas cher. Nous avons demandé aux producteurs locaux de l’inscrire dans leur portefeuille pour une éventuelle fabrication dans les prochaines années.  

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