De Ben Gourion à la République islamique

19/08/2024 mis à jour: 08:54
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Les services de renseignement d’Israël, de l’Iran et de la Turquie, à savoir le Mossad, la Savak et le MIT, ont constitué une alliance baptisée Trident. L’Iran est devenu un des principaux fournisseurs de pétrole d’Israël à travers l’oléoduc Eilat-Ashkelon.

Alors que les Occidentaux tentent de convaincre l’Iran de ne pas riposter à l’assassinat fin juillet sur son sol du chef du Hamas Ismaïl Haniyeh, Téhéran évoque son «droit à punir Israël». D’où le risque d’embrasement de la région du Moyen-Orient.

Déjà, dans la nuit du 13 au 14 avril, l’Iran a mené une attaque directe avec drones et missiles contre l’Etat hébreu en représailles au raid aérien qui a détruit son consulat à Damas le 1er avril et coûté la vie à sept de ses militaires dont deux hauts gradés.

Téhéran a accusé Israël qui n’a ni confirmé ni démenti. Les deux puissances régionales ont pourtant ont entretenu de bonnes relations avant qu’ils ne deviennent des ennemis. L’Iran est le deuxième pays musulman à reconnaître l’Etat d’Israël en 1950 après la Turquie.

Les services de renseignement d’Israël, de l’Iran et de la Turquie, à savoir le Mossad, la Savak et le MIT, ont constitué une alliance baptisée «Trident».  L’Iran est devenu un des principaux fournisseurs de pétrole d’Israël à travers l’oléoduc Eilat-Ashkelon.

En 1961, le Premier ministre israélien, David Ben Gourion, se rend en Iran. Téhéran et Tel-Aviv soutiennent, à partir de mai 1965, la rébellion kurde en Irak dirigée par Mustafa Barzani afin d’affaiblir le régime de Baghdad. Le shah d’Iran autorise une représentation israélienne à Téhéran, sans aller toutefois jusqu’à la reconnaissance officielle.

L’écrivain iranien Saeed Nafisi s’est rendu en Israël à plusieurs reprises.  En février 1979, est la proclamée la République islamique. Téhéran coupe ses relations avec Tel-Aviv. En 1982, Israël envahit le Liban. L’Iran aide à la création du Hezbollah, mouvement qui s’implante dans le sud du Liban et mène une lutte armée contre Israël.

Toutefois, Israël livre des armes à Téhéran au début des années 1980 pour l’aider dans sa guerre contre l’Irak.Selon l’Institut d’études stratégiques de Jaffa, Israël a livré pour 500 millions de dollars d’armes à l’Iran entre 1980 et 1983. Tel-Aviv est impliqué dans l’affaire de l’Irangate, scandale militaro-politique qui a éclaté durant le deuxième mandat du président américain Ronald Reagan.

Irangate

En octobre 1984, le Congrès américain a adopté l’amendement Boland qui interdit pour un an «à toute autre agence ou entité des Etats-Unis engagée dans des activités de renseignement» de «soutenir, directement ou indirectement des opérations militaires ou paramilitaires menées au Nicaragua.

Des responsables du Conseil national de sécurité, entre autres le directeur de la CIA et le conseiller national à la Sécurité, Robert Farlane, ont décidé de contourner cette mesure pour aider les contre-révolutionnaires nicaraguayens.

Pour ce faire, ils ont recouru à la vente d’armes à l’Iran en guerre contre l’Irak. Les profits tirés de ces transactions iront aux opposants anti-sandinistes. Par l’intermédiaire d’Israël, deux livraisons d’armes américaines à l’Iran ont lieu en 1985.

Début octobre 1986, un avion américain chargé d’armes destinées aux «contras» s’écrase au Nicaragua.  L’un des pilotes survit et, récupéré par l’armée sandiniste, dévoile l’opération. En 1992, un attentat contre l’ambassade d’Israël à Buenos Aires fait 29 morts, puis en 1994, un attentat est commis contre le bâtiment de l’Association mutuelle israélo-argentine (Amia), tuant 85 personnes.

Ces deux attentats ont été commandités par l’Iran, a statué en avril dernier la justice argentine.  En 1998, l’Iran déclare avoir testé pour la première fois le missile sol-sol Chahab-3 d’une portée de 1300 km, capable d’atteindre Israël.

La même année, il reprend ses activités d’enrichissement d’uranium. En juillet 2015, il conclut avec le Groupe 5+1 (Chine, Etats-Unis, France, Royaume-Uni, Russie et Allemagne) un accord encadrant son programme nucléaire. «Israël n’est pas lié par cet accord (...) car l’Iran continue à vouloir notre destruction», prévient le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu.

Les deux pays se livrent une guerre de l’ombre. Israël accuse l’Iran d’attaques de navires, tandis que l’Iran pointe du doigt Israël pour des assassinats ciblés et le sabotage de l’usine d’enrichissement d’uranium de Natanz (centre) en avril 2021.

En septembre 2010, le virus Stuxnet a frappé le programme nucléaire iranien, entraînant une série de pannes dans leur parc de centrifugeuses utilisées pour l’enrichissement de l’uranium.

En mai 2020, le quotidien américain Washington Post fait état d’une cyberattaque israélienne contre l’un des deux ports de Bandar-Abbas, ville iranienne sur le détroit d’Ormuz, en riposte, selon le journal, à une attaque cybernétique menée contre des installations hydrauliques civiles en Israël.

Quelques mois plus tôt, en février, un haut responsable du ministère des Télécommunications iranien a affirmé que Téhéran a contrecarré une cyberattaque ayant mis à mal pendant une heure la connexion de certains fournisseurs d’accès à internet dans le pays.

En février 2012, une série d’attentats visent des cibles israéliennes en Géorgie, en Inde et en Thaïlande en utilisant des agents du Hezbollah, selon l’Etat hébreu. Téhéran nie. Le 18 juillet, Israël accuse Téhéran d’avoir commandité l’attentat contre un bus de touristes israéliens en Bulgarie qui a été exécuté, selon Tel-Aviv, par le Hezbollah.

 

 

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