Crise politique au Soudan : Violents combats près de Khartoum

08/09/2024 mis à jour: 06:19
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les deux parties en guerre «ont commis une série effroyable de violations des droits de l’homme

Des centaines de familles soudanaises ont fui hier une proche banlieue de Khartoum après une intensification des combats entre l’armée et les paramilitaires autour d’une base militaire, rapporte l’AFP.

Mercredi, les Forces paramilitaires de soutien rapide (FSR) ont attaqué la grande base de la ville de Bahri qui jouxte la capitale soudanaise au nord. Cette base appelée Hattab est restée aux mains de l’armée après le début de la guerre civile au Soudan en avril 2023. 

La guerre entre l’armée dirigée par le général Abdel Fattah Al Burhane, et les FSR, dirigées par son ancien adjoint Mohamed Hamdane Daglo, a fait des dizaines de milliers de morts et provoqué le déplacement de plus de 10 millions de personnes, notamment dans les pays voisins, selon l’ONU.

Par ailleurs, le directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus, a entamé hier une visite de deux jours à Port-Soudan (est), siège de facto du gouvernement après que les autorités aient été chassées de Khartoum. Face aux atrocités commises par les belligérants au Soudan, des experts de l’ONU ont réclamé vendredi le «déploiement sans délai» d’une force «indépendante et impartiale» afin de protéger les populations civiles.

Ces experts mandatés par le Conseil des droits de l’homme ont conclu, dans un rapport présenté dans un communiqué, que les deux parties en guerre «ont commis une série effroyable de violations des droits de l’homme et de crimes internationaux, dont beaucoup peuvent être qualifiés de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité». 

«La gravité de ces conclusions souligne l’urgence d’agir immédiatement pour protéger les civils», a souligné Mohamed Chande Othman, le président de la mission d’établissement des faits sur le Soudan. Elle a été créée à la fin de l’année dernière par le Conseil des droits de l’homme pour documenter les violations des droits humains commises dans le pays depuis le début de la guerre en avril 2023. 

«Etant donné que les parties belligérantes n’ont pas épargné les civils, il est impératif qu’une force indépendante et impartiale ayant pour mandat de protéger les civils soit déployée sans délai», a réclamé M. Othman. Sa collègue, Mona Rishmawi, souligne que plusieurs modèles existent, que ce soit des Casques bleus de l’ONU comme au Soudan du Sud voisin ou une force d’interposition régionale de l’Union africaine par exemple. 


Crimes de guerre

Les experts, qui ne s’expriment pas au nom de l’ONU, ont insisté sur le fait que «la protection de la population civile est primordiale» pour ce pays dont la moitié de la population, soit 25 millions de personnes, souffre de malnutrition. Ils réclament aussi un cessez-le-feu et ont regretté que les autorités soudanaises aient fait la sourde oreille aux 4 demandes de pouvoir visiter le pays. Les Forces armées soudanaises (SAF) et les Forces de soutien rapide (FSR), ainsi que leurs alliés respectifs, «ont été reconnus responsables de violations à grande échelle, notamment d’attaques directes et aveugles menées par des frappes aériennes et des bombardements contre des civils, des écoles, des hôpitaux, des réseaux de communication et des approvisionnements vitaux en eau et en électricité», souligne le communiqué.

  Les parties belligérantes ont également pris pour cible des civils «en commettant des viols et d’autres formes de violence sexuelle, des arrestations et détentions arbitraires, ainsi que des actes de torture et des mauvais traitements». Autant de violations qui peuvent «constituer des crimes de guerre», selon le rapport. Les experts ont mis en exergue «les attaques horribles perpétrées par les FSR et leurs alliés contre les communautés non arabes, en particulier les Masalit à Al Geneina et dans ses environs, au Darfour occidental». Ils ont relevé meurtres, actes de torture, viols et autres formes de violence sexuelle, destructions de biens et pillages. 

Les experts, qui ont pu rencontrer des réfugiés du conflit dans les pays voisins du Soudan et 182 victimes directes d’exactions ou des proches, souhaitent que l’embargo sur les armes soit étendu à l’ensemble du Soudan. Ils demandent aussi aux autorités de coopérer avec la Cour pénale internationale (CPI) et de lui remettre l’ex-dictateur Omar El Béchir. Ils réclament également la mise en place d’un mécanisme judiciaire international uniquement consacré au Soudan. Joy Ngozi Ezeilo a regretté que la tragédie que traverse le Soudan ne fasse pas la Une. «C’est vraiment déchirant et le monde doit absolument faire beaucoup plus», a déclaré l’experte, ajoutant : «Cela doit être au cœur des discussions internationales.» 

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