La Fondation humanitaire de Ghaza (GHF) a recours à des contractuels armés pour assurer la sécurité de ses centres de distribution. «Le problème de la distribution de l’aide humanitaire doit être résolu. Il n’y a pas besoin de réinventer la roue avec des systèmes dangereux», avait insisté le SG de l’ONU, Antonio Guterres.
Les appels à mettre une fin au système militarisé de distribution d’aide à Ghaza, soutenu par Israël et les Etats-Unis, se poursuivent. Hier, c’était au tour de près de 170 ONG de lancer un appel en faveur du démantèlement du système de distribution d’aide. Les ONG humanitaires font référence au système géré depuis fin mai par l’organisation Fondation humanitaire de Ghaza (GHF), une entreprise au financement opaque soutenue par Israël et les Etats-Unis.
Elles ont aussi réclamé un retour au mécanisme qui prévalait jusqu’en mars, quand la distribution de l’aide était coordonnée par diverses ONG et agences de l’ONU dans le territoire palestinien affamé, assiégé et dévasté par plus de 20 mois d’agression. «Les ONG appellent à une action immédiate pour mettre fin au programme israélien de distribution de l’aide à Ghaza, lequel a fait de nombreux morts», ont déclaré les organisations dans un communiqué commun. Le communiqué des 169 ONG affirment que plus de 500 Palestiniens ont été tués et près de 4000 blessés, en tentant d’accéder à l’aide humanitaire en moins de quatre semaines.
Le ministère de la Santé du Hamas a fait état de plus de 550 morts. Parmi les signataires du communiqué figurent des ONG d’Europe, des Etats-Unis et d’Israël actives dans les domaines de l’aide médicale ou alimentaire, du développement ou de la protection des droits humains. Les ONG ont appelé à la «levée du blocus imposé par le gouvernement israélien sur l’aide et les biens commerciaux».
«Dans le cadre du nouveau plan du gouvernement israélien, des civils affamés et affaiblis sont contraints de marcher pendant des heures sur des terrains dangereux et dans des zones de conflit. Au final, ils se retrouvent dans une course violente et chaotique avant d’atteindre des sites de distribution clôturés et militarisés», indiquent les ONG.
«Simulacre de distribution»
Le chef des Nations unies, Antonio Guterres, avait dénoncé, vendredi, un système «militarisé» de distribution d’aide humanitaire dans la bande de Ghaza qui «tue des gens». «Les gens sont tués simplement en essayant de nourrir leurs familles et eux-mêmes.
Aller chercher de la nourriture ne doit jamais être une condamnation à mort», avait-t-il déclaré à la presse à New York, sans citer le nom de la Fondation humanitaire de Ghaza (GHF) dont les opérations de distribution d’aide donnent lieu régulièrement à des scènes chaotiques et meurtrières. «Toute opération qui canalise des civils désespérés dans des zones militarisées est intrinsèquement dangereuse. ça tue des gens», a-t-il dénoncé, soulignant d’autre part la «crise humanitaire aux proportions terrifiantes» provoquée par les opérations militaires israéliennes.
Israël a imposé début mars au territoire palestinien un blocus humanitaire qui a entraîné de très graves pénuries de nourriture, médicaments et autres biens de première nécessité.
Le blocus n’a été que partiellement assoupli fin mai, date à laquelle la GHF, soutenue par Israël et les Etats-Unis, a commencé ses distributions. La Fondation a recours à des contractuels armés pour assurer la sécurité de ses centres de distribution. «Le problème de la distribution de l’aide humanitaire doit être résolu. Il n’y a pas besoin de réinventer la roue avec des systèmes dangereux», avait insisté Antonio Guterres.
Pour sa part, l’organisation Médecins sans frontières (MSF) avait aussi demandé le démantèlement de la GHF, affirmant que ce dispositif «est un simulacre de distribution alimentaire qui produit des massacres à la chaîne». Ce dispositif «semble conçu pour humilier les Palestiniens», avait dénoncé MSF, faisant état de plus de 500 personnes tuées et près de 4000 blessées alors qu’elles se rendaient à ces distributions en quête de nourriture. L’ONU, ainsi que la majorité des ONG opérant dans Ghaza refusent de travailler avec la GHF en mettant en cause ses procédés et sa neutralité.
L’armée israélienne a reconnu avoir ouvert le feu sur des Palestiniens près des sites de distribution d’aide, en affirmant que leur comportement constituait une «menace». Selon le quotidien israélien Ha’Aretz, l’armée israélienne a ordonné à ses militaires de tirer délibérément sur les civils ghazaouis, lors des distributions d’aides humanitaires dans l’enclave palestinienne. «Plusieurs conversations avec des officiers et des soldats révèlent que les commandants ont ordonné aux troupes de tirer sur la foule pour la repousser ou la disperser, même s’il était clair qu’elle ne représentait aucune menace», écrit le quotidien opposé au Premier ministre Benyamin Netanyahu, dans un long article publié le 27 juin. Des accusations rejetées par l’armée et le gouvernement israéliens.
Énièmes massacres de civils
Malgré des appels renouvelés à un cessez-le-feu à Ghaza, l’armée israélienne continue de perpétrer impunément des massacres. La Défense civile de Ghaza a fait état d’au moins 17 morts depuis le début de la journée d’hier dans plusieurs frappes et tirs de l’armée israélienne. Selon cette organisation de premiers secours, six personnes ont notamment été tuées dans le centre du territoire alors qu’elles attendaient pour recevoir de l’aide humanitaire. «Nous sommes fatigués.
Nous avons été patients longtemps. Nous voulons que cette guerre et ces effusions de sang cessent (...) ça suffit !», lance au milieu des destructions Mossaab al-Aimawi à Al-Zawayda, dans le centre du territoire palestinien où il dit avoir perdu des proches la veille dans une frappe nocturne. Les secouristes locaux ont fait aussi état, avant-hier, de 51 morts, dont 24 dans un café internet, dans plusieurs opérations de l’armée israélienne.
Selon la Défense civile ghazaouie, une frappe aérienne israélienne a fait à elle seule 24 morts et des dizaines de blessés dans un établissement en bord de mer de la ville de Ghaza, appelé Al Baqa. «Il y a toujours beaucoup de monde à cet endroit, qui propose des boissons, des espaces pour les familles et un accès à internet», a raconté Ahmed Al-Nayrab, 26 ans, qui se trouvait sur une plage à proximité avec des amis lorsqu’il a entendu une «énorme explosion». «C’était un massacre. J’ai vu des morceaux de corps voler partout, des cadavres déchiquetés et brûlés. Une scène à glacer le sang. Tout le monde criait. Les blessés hurlaient à l’aide, les familles pleuraient leurs morts», a-t-il poursuivi. Le bureau de presse du gouvernement du Hamas a rapporté qu’un journaliste, Ismail Abu Hatab, a été tué dans cette attaque.
La Défense civile avait annoncé plus tôt dans la journée la mort de 27 personnes dans plusieurs frappes et tirs de l’armée israélienne. Parmi elles, 11 ont été «tuées près de points de distribution d’aide dans le centre et le sud du territoire», a affirmé Mahmoud Bassal, porte-parole de cette organisation de premiers secours. Sur le front diplomatique, le président américain Donald Trump a déclaré qu’il se montrerait «très ferme» avec le Premier ministre israélien pour obtenir un accord de cessez-le-feu dans la bande de Ghaza.
«Très ferme, très ferme», a répondu Donald Trump quand on lui posait une question sur son attitude envers le chef du gouvernement israélien lors de sa visite prévue lundi prochain à Washington. «Mais il (Netanyahu) le veut aussi. Il vient ici la semaine prochaine. Il veut aussi en finir», a poursuivi Donald Trump en visitant un nouveau centre de rétention pour migrants clandestins en Floride.
Avant son départ pour ce centre baptisé «Alcatraz des alligators», le milliardaire républicain avait affirmé que les Etats-Unis faisaient pression pour qu’une trêve entre Israël et le Hamas soit conclue rapidement. «Nous espérons que cela va se produire et nous espérons que cela arrivera dans le courant de la semaine prochaine», avait-il dit à un journaliste qui lui demandait si une trêve dans le territoire palestinien pourrait survenir d’ici la visite aux Etats-Unis de Netanyahu. Donald Trump avait déjà dit, vendredi, qu’un cessez-le-feu entre Israël et le Hamas était «proche».
Cisjordanie occupée : Une nouvelle directive accélère le nettoyage ethnique
Une nouvelle directive militaire sioniste menace de destruction une douzaine de villages de Masafer Yatta, au sud de la Cisjordanie occupée, accélérant ainsi le nettoyage ethnique de cette région, entamé déjà il y a quelques années, ont rapporté des médias.
Selon ces derniers, un document publié la semaine dernière par le centre sioniste de commandement armé oblige les résidents de la zone à quitter les lieux, invoquant des «besoins militaires». Le document mentionne spécifiquement la zone de tir 918, qui englobe 12 des 20 villages de Masafer Yatta et que l’entité sioniste a déclaré zone militaire fermée au début des années 1980 pour déplacer de force ses résidents palestiniens.
Suite à cette directive, le soi-disant Bureau central de planification de l’administration civile, l’entité militaire sioniste qui délivre les permis de construire dans les territoires palestiniens occupés, a adopté une politique de rejet systématique de toutes les demandes de construction en attente à Masafer Yatta. Cette directive s’inscrit dans une longue stratégie sioniste d’utilisation des zones de tir comme prétexte pour exproprier les Palestiniens et étendre les colonies.
D’après Nidal Yunis, président du conseil de Masafer Yatta, au moins 25 projets de construction en attente dans plusieurs villages dont Jinba, Halawah et Al Fakhit pourraient être rejetés très prochainement, ouvrant la voie à une vague massive de démolitions. Selon Yunis, ces dernières années, l’armée sioniste avait évité les expulsions massives pour éviter les critiques internationales, préférant refuser systématiquement les permis de construire et démolir progressivement.
Ces derniers mois, l’armée sioniste et des colons ont, d’ailleurs, intensifié les violences pour expulser environ 2500 Palestiniens vivant dans un groupe de villages situés dans la région de Masafer Yatta. Début mai, l’armée a démoli une grande partie du village de Khilet Al Dabe. Il s’agit de la plus vaste destruction jamais enregistrée dans la région. Aujourd’hui, la nouvelle directive militaire menace d’accélérer la destruction d’une douzaine de villages supplémentaires. Nabil H.