Corée du Sud: les enquêteurs demandent une prolongation du délai pour arrêter Yoon

06/01/2025 mis à jour: 18:08
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Le mandat d’arrêt délivré le 31 décembre à l’encontre de Yoon Suk Yeol par un tribunal de Séoul expirant ce lundi à minuit, le service anticorruption chargé de l’enquête sur la loi martiale tente le tout pour le tout.

Le service anticorruption chargé de l’enquête sur la loi martiale en Corée du Sud a annoncé lundi qu’il allait demander un délai supplémentaire à la justice pour arrêter le président déchu Yoon Suk Yeol, retranché dans sa résidence de Séoul. Vendredi, une première tentative d’arrestation avait échoué, les enquêteurs ayant été bloqués par la garde rapprochée du dirigeant.

Le mandat d’arrêt, délivré le 31 décembre par un tribunal de Séoul, arrive à expiration lundi à minuit. Le directeur adjoint du Bureau d’enquête sur la corruption des hautes personnalités (CIO), Lee Jae-seung, a expliqué lors d’un point de presse que le bureau comptait demander une prolongation, en justifiant le dépassement du délai initial de sept jours. Il a également indiqué que le CIO avait sollicité l’intervention de la police pour procéder à cette arrestation, en raison de son expertise en matière d’exécution de mandats d’arrêt. Toutefois, la police n’a pas encore répondu à cette requête.

Vendredi, les enquêteurs du CIO, appuyés par des policiers, avaient pénétré dans la résidence de Yoon Suk Yeol pour tenter de l’appréhender. Cependant, ils avaient été confrontés à une unité de l’armée et à des agents du Service de sécurité présidentiel (PSS), en nombre bien supérieur. Après six heures d’un face-à-face tendu, ils avaient été contraints de battre en retraite sans pouvoir exécuter le mandat.

Samedi, le CIO a envoyé une lettre au président par intérim, Choi Sang-mok, pour demander la coopération du Service de sécurité présidentiel dans l’exécution du mandat. Cependant, aucune réponse n’avait été reçue à ce sujet, a précisé Lee Jae-seung.

Yoon Suk Yeol, ancien procureur célèbre élu président en 2022, a été destitué le 14 décembre par l’Assemblée nationale. Il est accusé de « rébellion », un crime passible de la peine de mort. Le 3 décembre, il avait instauré de manière inattendue la loi martiale et envoyé l’armée au Parlement pour en bloquer le fonctionnement, avant de faire marche arrière sous la pression des députés et de milliers de manifestants prodémocratie.

Depuis le 31 décembre, des centaines de partisans de Yoon Suk Yeol se rassemblent quotidiennement aux abords de sa résidence, prêts à intervenir en cas de nouvelle tentative d’arrestation. Lundi matin, malgré la brume, ils étaient encore nombreux, sous la surveillance de nombreux policiers. Un des organisateurs de la mobilisation, Kim Soo-yong, a déclaré que le Service de sécurité présidentiel continuerait de protéger le président déchu jusqu’à l’expiration du mandat d’arrêt. Il a ajouté que les partisans reviendraient en cas de renouvellement du mandat.

Une trentaine de députés du Parti du pouvoir au peuple (PPP), le parti conservateur de Yoon, s’étaient également rendus sur place à l’aube pour lui apporter leur soutien. À proximité, une cinquantaine de manifestants opposés à Yoon étaient également présents.

Parmi eux, Kim Ah-young, une trentenaire, critiquait l’inefficacité du CIO. « C’est l’une des agences les plus incompétentes que j’aie jamais vues. Je suis ici depuis plus longtemps que le CIO. Cela n’a pas de sens qu’ils ne puissent pas l’arrêter. Ils doivent le faire immédiatement », s’est-elle indignée.

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