Conséquences du réchauffement climatique : L’alerte effrayante du Rapport du groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat 2022

11/03/2023 mis à jour: 19:46
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Le réchauffement climatique, appelé également réchauffement planétaire, est le phénomène de transformation du climat qui se caractérise par une augmentation générale des températures moyennes dans les océans, au niveau de l’atmosphère et à la surface de la Terre, observé depuis plusieurs années.

 En effet, depuis le début de la première révolution industrielle à la fin du XVIIIe siècle, les températures moyennes de notre planète Terre ont augmenté (plus au moins) régulièrement. Aujourd’hui, la température moyenne sur la Terre est d’environ 1 à 1,5 degré, c’est-à-dire au-dessus des températures moyennes observées avant la première révolution industrielle (à la fin du XVIIIe siècle). Cette situation a modifié, et continue de modifier fortement les équilibres météorologiques et les écosystèmes.

Ce phénomène est devenu l’une des préoccupations majeures des chercheurs, des sociétés et des décideurs du monde entier. 
 

Un Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a été créé en 1988 par l’Organisation météorologique mondiale et le Programme des Nations unies pour l’environnement dans le but d’offrir aux décideurs, des évaluations régulières du fondement scientifique de l’évolution du climat, des impacts et des risques liés et des possibilités d’adaptation et d’atténuation. 

Ainsi, le GIEC a pour objectif d’étudier l’évolution du phénomène de réchauffement climatique et ses conséquences sur notre planète Terre. Selon le GIEC, constitué d’une centaine de scientifiques qui participent à la rédaction de ce rapport, le réchauffement climatique serait lié à l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre (CO2) d’origine humaine et influe négativement sur le climat. 

En effet, l’accroissement de la population mondiale et le besoin de consommer ont entraîné une augmentation des émissions de CO2, ce qui favorise la destruction des écosystèmes et de la biodiversité. Ces émissions sont essentiellement produites par la consommation des énergies fossiles (pétrole, charbon et gaz...), la production d’énergie (comme l’électricité et le chauffage) et le carburant, par les moyens de transport terrestre et en partie le transport aérien et maritime.  Ensuite, il y a la disparition des forêts (déforestation) qui limite l’absorbation du dioxyde de carbone CO2 du fait de la diminution des arbres qui contribuent à la régulation du climat. Pour les experts du climat, le réchauffement climatique est lié aussi à l’augmentation de l’élevage des bovins et des ovins, qui produisent de grandes quantités de méthane lors de la digestion de la nourriture, aux engrais utilisés, qui contiennent de l’azote produisant des émissions de protoxyde d’azote, etc. 

Selon les études et les prévisions des experts du  GIEC, l’augmentation de la température pourrait atteindre 1 à 5°C supplémentaires à la fin du XXIe siècle, ce qui va avoir des conséquences graves sur la Terre et les populations. En 2015, l’Accord de Paris signé à l’issue de la COP 21 (grande conférence internationale sur le climat réunissant les Etats engagés depuis 1992 par la Convention cadre des Nations unies sur les changements climatiques, «CCNUCC» ; Conferences of the Parties «COP») a demandé aux Etats signataires de poursuivre leurs efforts afin de stabiliser la hausse de la température globale de la Terre en dessous des 2°C d’ici 2100. Pour y parvenir, cet accord fixe l’objectif suivant : «L’équilibre entre les émissions anthropiques et les capacités d’absorption naturelles de la planète, donnant ainsi un rôle aux puits de carbone que sont les forêts, doit être atteint». 

Aujourd’hui, la menace est toujours présente et le réchauffement climatique s’accentue et continue de produire ses effets négatifs, tels que les inondations, l’augmentation des températures de l’air et de l’eau, les sécheresses, les cyclones et tempêtes, les tsunamis, les mouvements de terrain, etc. Ainsi, les efforts des pays, notamment les pays industrialisés (Etats-Unis, Union européenne, Japon..) et les pays émergents (Chine, Brésil, Inde…), pour limiter leurs émissions des gaz à effet de serre demeurent extrêmement faibles afin d’espérer la sauvegarde de notre planète Terre et la vie des générations futures. 
 

Les conclusions du sixième rapport d’avril 2022 du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, d’environ 4000 pages, sont effrayantes. 

Ce rapport présente les connaissances les plus avancées sur le changement climatique, tout en soulignant encore une fois l’implication de l’Homme dans ce bouleversement. Ainsi, selon le rapport GIEC 2022 des experts climat de l’ONU, l’humanité est à l’aube de retombées climatiques cataclysmiques et la crise n’épargnera personne puisque les dérèglements climatiques vont s’accélérer et devenir palpables bien avant 2050. La vie sur notre planète Terre sera forcément transformée, et cela bien avant 2050. Et toutes les sociétés et les économies mondiales vont être affectées. 

Phénomènes climatiques extrêmes, sécheresse, exode des populations, baisse de la production alimentaire et famine, pénurie d’eau, montée du niveau de la mer et des océans, malnutrition, extinction d’espèces, acidification et désoxygénation des zones océaniques (ce qui pourrait limiter la capacité des mers à produire de l’oxygène et à stocker le CO2), etc. seront les conséquences dramatiques du dérèglement climatique.

 La vie sur notre planète Terre telle que nous la connaissons sera certainement transformée par le changement climatique quand les enfants nés aujourd’hui auront 30 ans, voire plus tôt, met en garde le projet de rapport du GIEC. En somme, les premières conclusions de ce groupe d’experts du climat sont apocalyptiques et pires que celles qui figurent dans le dernier rapport GIEC de 2014. En définitive, les implications sur la vie de nos enfants et petits-enfants sont bien plus que sur la nôtre, estime le GIEC. 
 

Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat considère qu’au niveau mondial, si le réchauffement climatique est supérieur à plus de 1,5°C, cela pourrait déjà entraîner, «progressivement, des conséquences graves, pendant des siècles, et parfois irréversibles». Quelles que soit les mesures prises pour limiter ce phénomène, le GIEC estime que les conséquences seront importantes pour l’humanité. «La vie sur Terre peut se remettre d’un changement climatique majeur en évoluant vers de nouvelles espèces et en créant de nouveaux écosystèmes.» «L’humanité ne le peut pas», alerte le rapport du GIEC.
 

Les experts scientifiques du GIEC ont abaissé le seuil au-delà duquel le réchauffement peut être considéré comme acceptable, soit +1,5°C. Cet objectif, conclu lors de l’accord sur le climat à Paris en 2015, ne serait sans doute pas suffisant. En effet, les conclusions du GIEC dans le rapport de 2022 estiment que, même en limitant la hausse à 2°C, jusqu’à 80 millions de personnes supplémentaires seront touchées par la faim d’ici à 2050 et près de 130 millions de personnes pourraient connaître une extrême pauvreté. 

Et si la température atteint 1,5°C supplémentaire, les projections prédisent que 350 millions d’habitants seront confrontés à des pénuries d’eau dans les villes. Et au-delà de 2°C, 420 millions de personnes devraient être touchées par des phénomènes de canicule extrêmes. Le réchauffement climatique modifie grandement la surface de la Terre, et ses effets sont d’ores et déjà dramatiques et deviendront de plus en plus violente, même si les émissions de CO2 seront limitées. 
 

Certaines régions du monde, notamment les villes côtières, pourraient être concernées par des catastrophes naturelles simultanées : inondations, incendies, cyclones, maladies transportées par les moustiques…C’est la conséquence de l’augmentation des températures sur la planète Terre affectant l’ensemble de l’écosystème mondial et provoquant une perturbation de la météo. Au final, la vie sur notre planète Terre sera forcément très difficile, et ce bien avant 2050. Peu importe le rythme de diminution des émissions de CO2, les effets destructeurs du réchauffement climatique sur la nature et les populations vont s’accélérer, assurent les chercheurs du GIEC.
 

Et malheureusement, la 27e Conférence des parties organisée par l’ONU, et qui s’est tenue du 6 au 18 novembre 2022 à Charm El Cheikh en Egypte, n’a pas apporté de résultats significatifs. Déjà, cette conférence s’est tenue dans un contexte géopolitique difficile lié au conflit russo-ukrainien, où les considérations environnementales ont été délaissées face à la crise énergétique. Si cette 27e COP a réaffirmé l’objectif de limiter le réchauffement climatique au-dessous de 1,5°C, elle n’a pas pour autant permis d’obtenir l’engagement des principaux pays pollueurs et émetteurs de gaz à effet de serre (émissions de CO2 des pays industrialisés) à réduire progressivement l’utilisation des énergies fossiles. Le seul point positif de cette COP 27 est certainement l’accord décisif qui a été obtenu visant à créer un fonds spécifique «pertes et préjudices», destiné au financement des pays vulnérables, violemment touchés par les catastrophes naturelles liées au réchauffement climatique. 
 

La question qui se pose maintenant est la suivante : comment peut-on lutter contre le réchauffement climatique pour sauvegarder notre planète Terre et la vie des populations et des générations futures ? Comme l’affirme les experts du GIEC 2022, il n’y a malheureusement de remède miracle, mais des solutions existent toujours. Autrement dit, il est impératif de maintenir la hausse des températures mondiales en-deçà de 1,5°C d’ici la fin du siècle, affirment les chercheurs du GIEC. Et pour y parvenir, il faudrait commencer tout de suite et faire baisser les émissions de gaz à effet de serre. 
 

Pour cela, il faut d’abord en finir avec les énergies fossiles polluantes et se tourner vers les énergies renouvelables qui sont inépuisables et disponibles en grande quantité. L’énergie solaire, l’énergie éolienne, l’énergie hydraulique, la biomasse et la géothermie constituent une alternative aux énergies fossiles et n’engendrent pas ou peu d’émission de gaz à effet de serre. Il faudrait ensuite réduire sa consommation énergétique, limiter considérablement le gaspillage alimentaire, réduire l’empreinte carbone des différentes activités que sont le transport, la consommation énergétique et alimentaire, etc. dans le but de réduire la quantité de carbone émise dans l’atmosphère.

 Il faudrait aussi adapter notre mode de vie aux notions de croissance inclusive et au développement durable. Pour ce faire, nous devons développer une résilience face au réchauffement climatique en transformant radicalement nos sociétés vers un mode de développement plus propre et plus écologique pour le bien-être des populations et des générations futures. 
 

Aussi, comme le souligne le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) dans l’objectif 13, qui concerne les mesures relatives à la lutte contre les réchauffements climatiques (les 17 ODD, Objectifs de développement durable), «tous les pays du monde sont témoins des graves répercussions du changement climatique. Les émissions de gaz à effet de serre continuent à augmenter et ont plus que doublé depuis 1990. Qui plus est, le réchauffement mondial provoque des modifications durables de notre système climatique, qui font peser une menace aux conséquences irréversibles si nous n’agissons pas tout de suite.

 Renforcer la capacité de résistance et d’adaptation des régions les plus vulnérables, tels que les pays sans littoral et les Etats insulaires, doit aller de pair avec des efforts pour sensibiliser et incorporer des mesures dans les politiques et stratégies nationales. Il est encore possible, avec la volonté politique et un large éventail de mesures technologiques, de limiter la hausse de la température mondiale moyenne à deux degrés Celsius au-dessus du niveau préindustriel. Cela implique une action collective urgente». 
 

Au final, et comme le soulignent les experts et les scientifiques dans le rapport GIEC 2022, il y a une nécessité à la mise en place de mesures radicales, et une urgence d’aller vers des changements probants parce ce que «les niveaux actuels d’adaptation ne seront pas suffisants pour répondre aux risques climatiques futurs... Nous sommes dans l’obligation d’une transformation radicale des processus et des comportements à tous les niveaux : gouvernements, institutions, sociétés, individus et entreprises, dans le but de redéfinir notre mode de vie et de consommation». 

Cela ne pourrait se réaliser qu’avec le soutien de toutes les parties prenantes pour sauver notre planète Terre d’un désastre et offrir à nos jeunes et aux enfants des générations futures un avenir durable et propre. 

 

 

Par Rédha Younes Bouacida

Docteur en sciences économiques d’Aix Marseille Université, France. Professeur des Universités, Skikda, adhérent au Réseau de iecherche sur l’Innovation (RRI/France) et Association Tiers Monde (ATM, France).  

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