Conclusions de la Cop26

06/11/2022 mis à jour: 14:04
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La fin de la conférence climatique de Glasgow a donné la mesure de toute la difficulté de s’extirper de la profonde dépendance aux énergies fossiles. Alors que tous s’attendaient à l’adoption de la déclaration finale, les pays ont dû accepter une concession de dernière minute sur le libellé de l’article portant sur les énergies fossiles. À la demande de l’Inde et de la Chine, le texte a été modifié pour évoquer la nécessité de poursuivre les efforts en vue de « réduire » le recours au charbon sans système de capture et de stockage des émissions de gaz à effet de serre, au lieu de miser sur l’« élimination ». Qui plus est, la mention de la fin des « subventions aux énergies fossiles » avait été auparavant modifiée, dans la seconde version du projet de déclaration, de façon à préciser qu’il est question uniquement des subventions dites « inefficaces ». Les groupes environnementaux ne manqueront pas de rappeler cette année que l’omniprésence des énergies fossiles dans le paysage mondial constitue une menace plus sérieuse que jamais. Des données publiées récemment par l’Agence internationale de l’énergie indiquent que les émissions imputables à leur combustion vont augmenter de 300 millions de tonnes en 2022, pour atteindre 33,8 milliards de tonnes. S’il y a quelques victoires notables dans le texte, cette nouvelle version est plus « édulcorée ». 

En effet, alors que le premier texte appelait à « supprimer progressivement le charbon et les subventions aux combustibles fossiles », celui-ci appelle à « accélérer la suppression du charbon sans système de captage et stockage de CO2 et des subventions inefficaces pour les énergies fossiles ». Cette nouvelle version n’appelle plus donc à supprimer mais plutôt à accélérer la sortie du charbon, ce qui laisse la porte ouverte a l’interprétation. Toutefois, il est important de souligner qu’il n’y a jamais eu de référence explicite auparavant dans une décision de la Cop à la nécessité d’éliminer progressivement le charbon ou d’autres combustibles fossiles, ce qui constitue un grand pas. Le financement est également un point clé dans ce nouveau projet qui estime l’offre actuelle de financement climatique pour l’adaptation est insuffisante pour répondre à l’aggravation des effets du changement climatique dans les pays en développement et prie donc « les pays développés à au moins doubler leur apport collectif de financement climatique pour l’adaptation aux pays en développement afin de parvenir à un équilibre entre l’atténuation et l’adaptation ». 

Le projet réaffirme également que, conformément au paragraphe 13 de l’article 7, de l’Accord de Paris, un soutien international continu et renforcé sera fourni aux pays en développement, notamment pour l’élaboration et la mise en œuvre de leurs plans nationaux d’adaptation. Le projet reconnaît également les besoins croissants des pays en développement, en particulier en raison des impacts croissants du changement climatique et de l’augmentation de l’endettement en raison de la pandémie liée à la Covid-19 et demande qu’un soutien accru soit acheminé par le biais de subventions et souligne «la nécessité de mobiliser le financement climatique de toutes les sources pour atteindre les objectifs de l’Accord de Paris, y compris un soutien considérablement accru aux pays en développement, au-delà de 100 milliards de dollars par an ». 

En ce qui concerne l’atténuation, le projet reconnaît que limiter le réchauffement climatique à 1,5°C d’ici 2100 nécessite des réductions rapides, profondes et durables des émissions mondiales de gaz à effet de serre, y compris la réduction des émissions mondiales de dioxyde de carbone de 45% d’ici 2030 par rapport au niveau de 2010 et à zéro net vers le milieu du siècle. Affirmé si clairement, cet « aveu » fait office de victoire tant que celui-ci n’a été que vaguement évoqué précédemment. Par ailleurs, et si en vertu de l’accord de Paris, les pays n’ont besoin de réviser leurs NDC (contributions déterminées au niveau national) que tous les cinq ans, le projet prive le secrétariat d’établir chaque année une version mise à jour du rapport de synthèse sur les contributions déterminées au niveau national au titre de l’Accord de Paris et décide de convoquer une table ronde ministérielle annuelle de haut niveau sur l’ambition pré-2030, à compter de novembre 2022. 


 

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