En 1988, année de son inauguration, le complexe d’antibiotiques de Saidal/ Médéa était le troisième au monde et le premier en Afrique, se souvient M. Aouni, ancien cadre au niveau de ce complexe.
«Malheureusement, sous l’ère de la issaba, des intérêts mafieux ont sciemment orchestré son déclin pour servir leurs propres intérêts, soit le recours abusif à l’importation au lieu d’encourager la production locale», regrette-t-il. Jadis un fleuron de l’industrie pharmaceutique algérienne, l’unité Saidal de Médéa, embauchant plus de 1000 personnes, était spécialisée dans la production d’antibiotiques ainsi que de matières premières pénicilliniques et non pénicilliniques, avec une capacité de production annuelle de 750 tonnes.
«Toutefois, en raison du manque d’investissements et de la forte concurrence des importations, la production a été interrompue en 2006, rendant l’Algérie fortement dépendante des fournisseurs étrangers», rappelle M. Aouni. Aujourd’hui, la volonté politique semble être au rendez-vous pour booster le fonctionnement de ce grand complexe.
D’ailleurs, et lors de sa visite sur place il y a environ quatre mois, le ministre de l’Industrie pharmaceutique, Wassim Kouidri, avait annoncé que l’Unité de fabrication de principes actifs pour antibiotiques relevant du complexe Antibiotical du Groupe Saïdal à Médéa «reprendra du service», et ce, après un arrêt qui aura duré 19 ans ! «Elle constituera désormais l’une des plus grandes unités de production de ce type de produits au monde, avec une capacité de production estimée à 750 tonnes /an, équivalent à 850 millions de dollars», a ajouté le ministre.
Dans ce sens, M. Aouni, ancien cadre au niveau de ce complexe, estime que depuis son entrée en fonction, «M. Kouidri a placé la réactivation de cette unité parmi ses priorités. Déjà, en décembre 2023, lorsqu’il occupait le poste de PDG du groupe Saidal, il avait initié un partenariat avec l’entreprise indienne Octavious Pharma pour moderniser les installations et relancer la production des matières premières.
Ce partenariat prévoit l’introduction de nouvelles technologies réduisant l’usage de solvants nocifs, afin d’optimiser les coûts et les délais de fabrication», même si pour notre interlocuteur, le véritable défi n’est pas forcément dans la grandeur de l’espace, mais dans le défi technologique. «Il est difficile de parler de grandeur, car les technologies ont évolué. La même production peut désormais être réalisée dans des unités modulaires dix fois plus petites que les 22 hectares du complexe», explique t-il.
Le recours aux retraités
Les compétences existent dans l’industrie pharmaceutique algérienne, et Saidal a été une véritable école qui a formé de nombreux spécialistes. Malheureusement, une grande partie de ces experts est aujourd’hui à la retraite alors qu’elle peut toujours donner au secteur pharmaceutique. «Il serait donc judicieux de les rassembler au sein d’une Association des anciens de l’industrie pharmaceutique, afin de transmettre leur savoir aux nouvelles générations à travers la formation et l’encadrement», propose M. Aouni, estimant dans la foulée que «la modernisation des infrastructures, le renforcement de la R&D, une politique d’exportation ambitieuse et des investissements ciblés sont essentiels pour assurer la souveraineté pharmaceutique de l’Algérie et en faire un acteur clé sur le marché africain». M. Benzerga