Caravane sur les intoxications alimentaires à Constantine : Sensibiliser contre des habitudes à risques

10/06/2025 mis à jour: 10:50
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Photo : D. R.

Plusieurs facteurs favorisent les risques des intoxications alimentaires, notamment la chaleur, le non-respect de la chaîne de froid, sans oublier les conditions d’hygiène déplorables dans une bonne partie des restaurants et des fast-food.

La saison des chaleurs s’est déjà installée dans la région de Constantine, et avec elle pointent les risques des intoxications alimentaires, d’autant que de nombreux citoyens ont pris les mauvaises habitudes de consommer n’importe quoi, n’importe où sans se soucier des conditions d’hygiène qui demeurent dans la plupart des cas catastrophiques.

C’est dans ce sens qu’une caravane d’information et de sensibilisation ayant pour but de vulgariser les méthodes les plus pratiques de prévention contre les intoxications alimentaires a été lancée la semaine dernière dans la wilaya de Constantine à l’initiative de la direction du commerce.  «L’opération a mobilisé 64 agents de contrôle pour la protection du consommateur et de la répression de fraude, répartis sur 32 brigades», a indiqué Nabila Zebiri, directrice du commerce par intérim.

On apprend que cette caravane a choisi de cibler d’abord les jeunes à travers des actions de sensibilisation menées dans les centres de formation et les maisons de jeunes, en insistant sur les règles à suivre en évitant de manger dans la rue et dans des lieux insalubres. La caravane a choisi aussi les locaux commerciaux de la restauration rapide (fast-food), les restaurants, les pâtisseries et également les commerces des grandes surfaces et ceux implantés dans les places publiques, a précisé la même responsable.

Organisée en coordination avec divers partenaires, dont les directions de la santé et de l’environnement et les services de la Protection civile, avec la participation d’associations de protection du consommateur, la caravane a visité jusqu’à présent des centres commerciaux et des marchés situés dans les communes de Constantine, Aïn Smara, Hamma Bouziane, El Khroub et Zighoud Youcef, selon Mme Zebiri.

La sensibilisation des citoyens quant à l’importance de consommer des produits sains préparés dans le respect des conditions d’hygiène a toujours été l’objectif des services du commerce, de la santé et des associations de protection du consommateur.

Des actions qui sont menées depuis des dizaines d’années en cette période où plusieurs facteurs favorisent la multiplication des risques d’intoxications alimentaires, notamment la chaleur, les mauvaises pratiques commerciales et surtout le non-respect de la chaîne du froid et des normes de conservation des aliments fragiles les plus consommés en cette période, notamment la viande, la charcuterie, les œufs, les produits laitiers, les conserves, exposés à l’air libre et en plein soleil, sans oublier les conditions d’hygiène déplorables dans les fast-food proposant la pizza et les sandwichs ainsi que chez les gargotiers de la rue.

Notons que le programme de cette caravane se poursuivra jusqu’au 30 juin, avant d’être clôturé par l’organisation d’une journée d’étude en faveur des gérants et des personnels des salles des fêtes dont la majorité est implantée dans les communes de Constantine, Aïn Smara, El Khroub, Aïn Abid, Hamma Bouziane, Didouche Mourad en plus de la circonscription administrative Ali Mendjeli, a-t-on indiqué.

Des consommateurs insouciants

En dépit de toutes ces actions, il faut noter que les consommateurs en Algérie restent généralement insouciants et indisciplinés quand on leur parle des mesures de prévention, sans omettre de rappeler l’irresponsabilité de nombreux commerçants qui agissent à l’encontre du principe de la préservation de la santé de leurs clients. On se rappelle des deux cas de botulisme, suite à la consommation de thon en conserve, enregistrés au mois d’août 2023 à El Khroub, dont l’une des victimes, un homme de 25 ans, est décédée.

Une affaire qui avait défrayé la chronique à l’époque, soulevant même une vaste polémique pour impliquer la responsabilité du producteur à l’origine, alors que le même produit exposé dans de mauvaises conditions est acheté par n’importe quel consommateur auprès de n’importe quel vendeur dans la rue, en raison d’un prix plus attrayant. Le problème chez nous est que les leçons n’ont jamais été retenues de ce genre d’affaires, alors que les failles sont présentes tous les jours et sur la voie publique.

Pour ceux qui ne s’en souviennent pas, le botulisme avait déjà défrayé la chronique au mois de juillet 1998, avec l’affaire du cachir avarié d’un fabricant de la wilaya de Sétif, ayant fait 44 morts et des dizaines d’hospitalisations dans plusieurs villes de l’Est. En juin 2015, une autre affaire de botulisme, suite à la consommation de cachir et de pâté de volaille impropre, avait éclaté à Kais, dans la wilaya de Khenchela. Sur les neuf patients évacués vers le CHU de Batna, trois ont succombé, dont deux enfants de 11 ans et un homme de 66 ans.

Plusieurs années après, l’affaire du botulisme à Constantine est venue rappeler que le consommateur en Algérie n’est jamais à l’abri de mauvaises surprises, pouvant avoir des conséquences dramatiques. On ne peut pas toujours incriminer les services de contrôle qui demeurent désarmés face à une faune de gens sans scrupules, exploitant des ateliers clandestins pour fabriquer des produits alimentaires dans des conditions d’hygiène déplorables.

Des quantités impressionnantes de poulet avarié, de viandes impropres à la consommation destinées à la préparation de cachir, de merguez et autres sont souvent saisies par les services de sécurité. A l’opposé, des consommateurs insouciants prennent toujours le risque en s’achetant des aliments d’origine douteuse et mal conservés. A ce stade, c’est au citoyen de se prémunir lui-même, en ayant une véritable culture d’hygiène pour ne plus se faire de soucis. Un consommateur averti en vaut deux.                           

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