Canicule en Algérie : Le réchauffement climatique pointé du doigt

10/06/2025 mis à jour: 00:05
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Ce n’est pas la première fois que l’Algérie fait face à des températures extrêmes. Ces dernières années, le pays a connu des épisodes caniculaires de plus en plus fréquents et intenses

Une nouvelle vague de chaleur s’abat sur trois wilayas de l’Ouest, Relizane, Chlef et Aïn Defla, selon un Bulletin météorologique spécial (BMS) émis par l’Office national de météorologie. 

Les températures maximales devraient atteindre 43 à 44°C, plaçant ces régions en alerte de vigilance «orange». Cet épisode caniculaire s’inscrit dans une série de phénomènes climatiques extrêmes qui touchent régulièrement l’Algérie, exacerbés par les effets du réchauffement climatique.

Ce n’est pas la première fois que l’Algérie fait face à des températures extrêmes. Ces dernières années, le pays a connu des épisodes caniculaires de plus en plus fréquents et intenses, notamment dans les régions intérieures et sahariennes. 

En juillet 2023, par exemple, des températures record dépassant les 48°C avaient été enregistrées dans certaines wilayas du Sud, provoquant des alertes sanitaires et des mesures exceptionnelles pour protéger les populations. Les régions de l’Ouest, comme celles touchées aujourd’hui, ne sont pas épargnées, avec des vagues de chaleur qui s’étendent désormais sur des périodes plus longues, même en dehors des mois d’été traditionnellement les plus chauds.

Ces épisodes ne se limitent pas à l’inconfort thermique : ils entraînent des risques pour la santé (coups de chaleur, déshydratation), des perturbations dans l’agriculture, (sécheresse, stress hydrique pour les cultures) et une pression accrue sur les ressources en eau et en énergie, notamment pour la climatisation.

Les scientifiques s’accordent à dire que ces vagues de chaleur sont amplifiées par le réchauffement climatique. Selon les rapports du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), la région méditerranéenne, dont fait partie l’Algérie, «est particulièrement vulnérable aux changements climatiques». Les températures moyennes dans la région ont «déjà augmenté de plus de 1,5°C par rapport à l’ère préindustrielle, et les projections indiquent une intensification des épisodes de chaleur extrême dans les années à venir».

Une réalité mondiale

En Algérie, les effets du réchauffement climatique se manifestent par une augmentation de la fréquence des canicules, une diminution des précipitations et une désertification accrue. Les vagues de chaleur, autrefois exceptionnelles, deviennent une nouvelle norme, mettant à rude épreuve les infrastructures et la résilience des populations. 

Les wilayas de l’Ouest, comme Relizane, Chlef et Aïn Defla, situées dans des plaines agricoles, sont particulièrement exposées à ces variations climatiques, qui menacent à la fois la sécurité alimentaire et les moyens de subsistance. Face à cette vague de chaleur, les autorités appellent à la prudence. 

Les recommandations incluent de limiter les déplacements aux heures les plus chaudes, de s’hydrater régulièrement et de protéger les populations vulnérables, notamment les enfants et les personnes âgées. À plus long terme, des mesures d’adaptation au changement climatique sont indispensables : renforcement des infrastructures, gestion durable des ressources en eau et sensibilisation des populations aux risques climatiques.

L’Algérie, comme d’autres pays de la région, devra également intensifier ses efforts pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et s’intégrer dans les initiatives internationales de lutte contre le réchauffement climatique. Des projets comme la transition énergétique vers les énergies renouvelables, notamment l’énergie solaire, pourraient jouer un rôle clé dans cette démarche.

Le rapport State of the Global Climate 2024 de l’Organisation météorologique mondiale (OMM) souligne que les dix dernières années (2015-2024) ont été les plus chaudes jamais enregistrées, avec une multiplication des vagues de chaleur, des sécheresses et des inondations à travers le monde. 
En 2023, l’OMM a signalé que les températures mondiales ont atteint 1,45°C au-dessus des niveaux préindustriels, frôlant la limite de 1,5°C fixée par l’Accord de Paris. 

Des posts sur X confirment cette réalité, notant que «la moitié de la population mondiale a subi un mois de chaleur extrême supplémentaire en 2024 en raison du réchauffement climatique» et que «les impacts du changement climatique, comme les vagues de chaleur, touchent toutes les régions, de l’Ethiopie au Canada».

L’Algérie a mis en place plusieurs initiatives concrètes pour lutter contre le changement climatique et s’adapter à ses effets. Le Plan national climat (PNC) couvrant la période 2020-2030, vise à réduire les émissions de gaz à effet de serre de 22% sous condition de financement international et de 7% comme engagement volontaire. Le projet de loi sur la gestion des déchets vise à promouvoir une économie circulaire d’ici 2035 et à éliminer les déchets plastiques, qui représentent 87% des déchets collectés. La relance du barrage vert est un projet qui couvre 4,7 millions d’hectares et vise à créer une zone verte à faible émission de carbone. 

Le Plan national d’adaptation (PNA),  soutenu par le PNUD et le Fonds vert pour le climat, renforce la gouvernance environnementale et la résilience face aux risques climatiques. Des sessions de formation ont été organisées dans plusieurs wilayas pour renforcer les compétences locales en matière d’adaptation climatique. Kamel Benelkadi 
 

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