Le premier ministre, minoritaire au Parlement et fragilisé par le mécontentement croissant au sein de son parti, pourrait faire cette annonce dès ce lundi, selon les sources du quotidien canadien Globe and Mail.
Le premier ministre canadien Justin Trudeau, sous pression depuis des semaines, pourrait annoncer sa démission dans les jours qui viennent, a rapporté dimanche 5 janvier le quotidien de Toronto *The Globe and Mail*. Citant trois sources anonymes proches du parti, le journal indique que l’annonce pourrait survenir dès lundi. Cette décision interviendrait avant une réunion nationale de son parti prévue mercredi. Le départ de Justin Trudeau laisserait les libéraux sans chef à quelques mois des législatives prévues d’ici la fin octobre. Interrogé par l’AFP, le bureau du premier ministre a refusé de commenter ces informations.
Jusqu’à présent, Justin Trudeau avait exprimé son intention de se représenter, mais il accuse un retard de plus de 20 points dans les sondages face à son rival conservateur, Pierre Poilievre. Son gouvernement minoritaire est affaibli par le retrait de l’appui de son allié de gauche et par un mécontentement croissant au sein de son propre parti. Il fait face à la plus grave crise politique depuis son arrivée au pouvoir il y a neuf ans.
La situation à Ottawa s’est envenimée après la démission inattendue de la vice-première ministre, Chrystia Freeland, qui était en désaccord avec Justin Trudeau sur la gestion de la guerre économique naissante avec les États-Unis. Les récentes déclarations de Donald Trump ont aggravé la crise politique canadienne. Le futur président américain a promis d’imposer des droits de douane de 25 % sur les produits canadiens et mexicains dès son retour au pouvoir, provoquant une onde de choc au Canada.
Après près d’une décennie à la tête du gouvernement, Justin Trudeau souffre d’une faible cote de popularité. Il est perçu comme responsable de la forte inflation ainsi que de la crise du logement et des services publics. À son arrivée en 2015, son élection suscitait pourtant un grand intérêt à l’international. Son discours multilatéraliste et son slogan « le Canada est de retour » avaient été salués. Durant son mandat, il a fait du Canada le deuxième pays au monde à légaliser le cannabis, instauré l’aide médicale à mourir, mis en place une taxe carbone, lancé une enquête publique sur les femmes autochtones disparues et assassinées, et signé une version modernisée de l’accord de libre-échange nord-américain.