Même si ces actions sont purement symboliques et restent bien en deçà, en nombre, de l’horreur que vit le peuple palestinien à Ghaza, la reprise de l’offensive militaire israélienne et ses atrocités s’est accompagnée depuis quelques semaines d’un frémissement militant au niveau des sociétés civiles en solidarité avec la Palestine meurtrie.
Depuis la rupture de la trêve de manière unilatérale par Israël le 18 mars, Ghaza a renoué avec l’enfer des bombardements quotidiens et des raids meurtriers. En un peu plus d’un mois, plus de 1800 Palestiniens ont été tués et quelque 5000 autres ont été blessés, selon les autorités sanitaires locales, portant le bilan général des pertes dans l’enclave à 51 200 morts et 117 000 blessés depuis le 7 octobre 2023. Et cette campagne épouvantable se poursuit avec le même acharnement sans que la communauté internationale puisse stopper ce déferlement de brutalité.
Cela laisse à la fin l’impression que la conscience de l’humanité est comme anesthésiée. Pourtant, des poches de résistance subsistent et des voix continuent malgré tout de s’indigner et de s’élever un peu partout contre la folie meurtrière génocidaire qui est en train de dépecer Ghaza sous les yeux du monde qui regarde en spectateur l’extermination d’un peuple. Même si la mobilisation reste bien en deçà de l’horreur que vit le peuple palestinien, force est de constater que la reprise de l’offensive militaire israélienne et ses atrocités s’est accompagnée depuis quelques semaines d’un frémissement militant au niveau des sociétés civiles en solidarité avec la Palestine meurtrie.
«Une lanterne pour la Palestine»
Ainsi, en France, une initiative baptisée «Une lanterne pour la Palestine» a été lancée dernièrement en soutien à la population civile de Ghaza. A la faveur de cette initiative coordonnée par le Réseau de coopération décentralisé pour la Palestine (RCDP), des rassemblements se sont tenus dans plusieurs villes de l’Hexagone le mercredi 16 avril. C’est ce qu’on a vu à la Seine-Saint-Denis, Nanterre, Poitiers, Colombes ou encore la ville de Bouguenais, en Loire-Atlantique.
«Cet événement, piloté par le RCDP (Réseau de coopération décentralisé pour la Palestine), était ‘’un rassemblement autour de la lumière’’ organisé par les collectivités en soutien à la Palestine, retransmis en simultané en Palestine via internet. La ville de Bouguenais et l’Association Bouguenais jumelage coopération (ABJC) appelaient à se rassembler sur le parvis de la mairie afin de montrer la solidarité des Bouguenaisiens avec la cause palestinienne, notamment avec Anabta, ville avec laquelle Bouguenais a un partenariat depuis près de vingt ans», rapporte Ouest-France dans son édition du 19 avril.
Le site d’information TRT-France s’est fait l’écho de son côté de l’action «Une lanterne pour la Palestine» qui s’est tenue dans la ville de Colombes, dans le département des Hauts-de-Seine. «Sur la place de la mairie de Colombes, nous apprend ce site électronique, plusieurs dizaines de citoyens et militants se sont rassemblés, brandissant des drapeaux palestiniens, flashs de téléphones allumés et scandant des slogans tels que : ‘‘Solidarité avec la Palestine !’’ et ‘‘Liberté pour Ghaza !’’. Dans une ambiance fraternelle, l’espace public s’est transformé en un lieu de recueillement et d’engagement.
Une banderole appelant au cessez-le-feu a également été déployée sur la façade de la mairie, soulignant l’urgence d’une paix durable.» L’association France-Palestine Solidarité (AFPS) a annoncé pour sa part : «En partenariat avec la ville de Nanterre et à l’initiative du RCDP dont Nanterre est membre, l’AFPS Nanterre participe à ‘‘Une lanterne pour la Palestine’’. Des lumières s’allumeront simultanément dans des villes palestiniennes et françaises. Il s’agit par cette action symbolique de manifester notre soutien au peuple palestinien.»
Soutien aux journalistes de Ghaza
Il convient de retenir également cette autre action initiée il y a quelques jours en solidarité avec les journalistes palestiniens, et qui a été précédée de la publication d’une tribune intitulée : «Nous, journalistes français, nous déclarons solidaires de nos collègues de Ghaza.» Le texte est signé par plusieurs organisations de journalistes dont Reporters sans frontières (RSF), le Prix Albert-Londres, la Fédération internationale des journalistes (FIJ) ainsi que les collectifs et sociétés de rédacteurs de plusieurs médias, dont l’AFP, Le Monde, Mediapart, Orient XXI… Dans un passage bouleversant, le texte évoque le cas d’un journaliste d’Al Jazeera, Hossam Shabat, qui a rédigé son testament, se sachant condamné par son métier.
Quelques jours plus tard, Hossam a été fauché par un obus israélien dans le nord de Ghaza. C’était le 24 mars dernier. «Ce n’est pas courant pour un journaliste d’écrire son testament à l’âge de 23 ans. C’est pourtant ce qu’a fait Hossam Shabat, correspondant de la chaîne qatarie Al Jazeera Moubasher dans la bande de Ghaza», peut-on lire dans cette tribune.
Le document poursuit : «Le jeune homme, conscient que les bombardements israéliens sur le territoire palestinien ont drastiquement réduit l’espérance de vie des membres de sa profession, a composé un court texte, à publier s’il devait lui arriver malheur. Ses mots ont finalement été postés sur les réseaux sociaux lundi 24 mars.» «Si vous lisez ceci, cela signifie que j’ai été tué», commence le message dans lequel le reporter d’Al Jazeera évoque ses nuits à dormir sur le trottoir, la faim qui n’a jamais cessé de le tenailler et son combat pour «documenter les horreurs minute par minute». «Un véhicule qui portait le sigle TV et le logo d’Al Jazeera.»
Et les syndicats signataires de souligner : «En un an et demi de guerre dans l’enclave côtière, les opérations israéliennes ont causé la mort de près de 200 professionnels des médias palestiniens.» Nos confrères ont ensuite tenu un rassemblement devant les escaliers de l’Opéra Bastille, à Paris, et sur le Vieux-Port, à Marseille, en brandissant le mot d’ordre : «Stop au massacre des journalistes palestiniens» ; «Halte à l’impunité des auteurs de ces crimes» ; «Ouverture immédiate de Ghaza à la presse internationale».
Campagnes de boycott
A signaler aussi toutes ces marches et ces manifs qui se succèdent dans plusieurs capitales de par le monde. «Des manifestations de solidarité avec les Palestiniens ont eu lieu dans les capitales et les villes du monde entier, appelant au boycott d’Israël, dénoncent les massacres dans la bande de Ghaza et appellent à la levée du blocus imposé à l’enclave palestinienne et à l’entrée de l’aide humanitaire» a indiqué dimanche aljazeera.net. Le site de la chaîne qatarie fait état de grosses manifestations qui ont eu lieu le week-end dernier à Istanbul, en Turquie, ainsi qu’en Indonésie et au Pakistan. Le Yémen s’est une nouvelle fois illustré par des démonstrations massives exigeant la fin du calvaire palestinien.
Il y a quelques jours, des images impressionnantes de marches spectaculaires déployant un drapeau palestinien géant ont fait le tour des réseaux sociaux. Ces marches ont eu lieu à Dacca, au Bangladesh. L’une des initiatives les plus marquantes lancées récemment en soutien à la Palestine est cette tentative de grève générale qui a eu lieu le 7 avril dans plusieurs pays. Il s’agit d’une «campagne mondiale de désobéissance civile», affirme le Centre palestinien d’information (CPI).
Des appels dans ce sens «ont été lancés en Jordanie, à Oman, au Bahreïn, au Koweït, en Arabie Saoudite, en Algérie, au Maroc, en Libye, aux Emirats, en Syrie, à Jérusalem-Est occupée, et dans tous les pays du monde arabe», note le CPI. Il faut mentionner aussi les campagnes de boycott de marques et de groupes économiques soutenant Israël. «Carrefour de nouveau boycotté en Tunisie et au Maroc après la reprise des frappes sur Ghaza», rapportait lemonde.fr dans un article daté du 10 avril. «Le groupe se voit notamment reprocher son partenariat avec une société dont les supermarchés sont implantés dans les colonies israéliennes de Cisjordanie» précise Le Monde.