Les ministres des Affaires étrangères de la France, de l’Allemagne et du Royaume-Uni appellent Israël à respecter le droit international en autorisant le passage sans entrave de l’aide humanitaire dans la bande de Ghaza, dans une déclaration commune publiée, hier, plus de cinquante jours après l’entrée en vigueur du blocus décidé par Israël, le 2 mars. «Les civils palestiniens, dont un million d’enfants, sont confrontés à un risque aigu de famine, d’épidémie et de mort.
Cette situation doit cesser», ont-t-ils réclamé. Et d’ajouter : «Nous demandons instamment à Israël de rétablir immédiatement un flux rapide et sans entrave d’aide humanitaire vers Ghaza afin de répondre aux besoins de tous les civils.» «L’aide humanitaire ne doit jamais être utilisée comme un outil politique et le territoire palestinien ne doit pas être réduit ni soumis à un quelconque changement démographique», ont affirmé encore les chancelleries.
Rappelant l’engagement pris lors «du dernier cessez-le-feu» qui a permis aux Nations unies et aux ONG «d’acheminer l’aide à grande échelle», Paris, Berlin et Londres estiment que «la décision israélienne d’empêcher l’aide d’entrer à Ghaza est intolérable». Ils condamnent, par ailleurs, «les récents commentaires du ministre Katz, qui politisent l’aide humanitaire et les projets israéliens de rester à Ghaza après la guerre», jugés «inacceptables».
Alors qu’Israël justifie sa décision en accusant le Hamas de détourner l’aide humanitaire dans l’enclave palestinienne, la France, le Royaume-Uni et l’Allemagne réaffirment que «le Hamas ne doit pas détourner l’aide pour son propre profit financier ni utiliser les infrastructures civiles à des fins militaires». Les trois pays terminent leur déclaration en réaffirmant leur «indignation face aux récentes frappes des forces israéliennes sur le personnel, les infrastructures, les locaux et les soins de santé humanitaires».
Le chef de l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), Philippe Lazzarini, avait dénoncé, avant-hier, «la famine qui s’aggrave, de manière délibérée» à Ghaza, après 50 jours de blocus israélien sur l’aide entrant dans le territoire palestinien ravagé par la guerre. «Ghaza est devenue une terre de désespoir. La faim s’étend et s’aggrave, de manière délibérée et provoquée par l’homme», a-t-il affirmé.
«Punition collective»
Après 18 mois d’une agression dévastatrice et un blocus israélien sur l’aide humanitaire depuis le 2 mars, l’ONU a mis en garde contre une situation humanitaire désastreuse pour les 2,4 millions d’habitants de la bande de Ghaza.
Dans son message sur X, Philippe Lazzarini avait déploré une «punition collective» contre les habitants de Ghaza. «Les blessés, les malades et les personnes âgées sont privés de fournitures médicales et de soins», a-t-il souligné. «L’aide humanitaire est utilisée comme une monnaie d’échange et une arme de guerre», a-t-il poursuivi, tout en demandant la reprise de l’acheminement de l’aide humanitaire, la libération des otages et l’instauration d’un nouveau cessez-le-feu.
Alors que l’ONU ne cesse de mettre en garde contre une situation humanitaire désastreuse à Ghaza, la machine de guerre israélienne continue d’allonger caque jour la liste des victimes. La frappe israélienne la plus meurtrière a détruit, hier, une école qui abritait des déplacés dans la ville de Ghaza, dans le nord, faisant 11 morts et 17 blessés, «y compris des femmes et des enfants», a déclaré le porte-parole de la Défense civile palestinienne, Mahmoud Bassal. «Le bombardement a provoqué un incendie massif dans le bâtiment et plusieurs corps calcinés ont été retrouvés», a-t-il dit. Au total, 25 personnes ont été tuées dans les frappes qui ont visé plusieurs secteurs du nord de Ghaza ainsi que Khan Younès, dans le sud, selon la Défense civile.
«Nous avons reçu des appels de détresse signalant plusieurs personnes disparues sous les décombres dans différentes zones de la bande de Ghaza», a affirmé Mahmoud Bassal. Plusieurs corps enveloppés dans des linceuls blancs ont été transportés à l’hôpital Al Chifa, où se recueillaient des femmes éplorées. «Nous ne voulons rien d’autre que la fin de la guerre pour pouvoir vivre comme le font les gens dans le reste du monde», s’exclamait Walid Al Najjar, un habitant de Khan Younès.
Selon Mahmoud Bassal, les secouristes manquent «d’outils et d’équipements nécessaires pour les opérations de sauvetage et pour récupérer les corps». Hocine Lamriben