Blocage de l’aide humanitaire à Ghaza : L’ONU dénonce l’usage d’un procédé comme «arme» de guerre

07/05/2025 mis à jour: 23:02
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Photo : D. R.

L’ONU ne cesse d’alerter sur la catastrophe humanitaire et le risque de famine auxquels sont exposés les quelque 2,4 millions de Palestiniens de ce territoire soumis à un blocus total par Israël depuis le 2 mars. Le Programme alimentaire mondial (PAM), un des principaux fournisseurs de nourriture dans la bande de Ghaza, a annoncé, le 25 avril,  y avoir «épuisé tous ses stocks».

Le blocage total de l’aide humanitaire dans de bande de  Ghaza par Israël depuis le 2 mars plonge les Ghazaouis, déjà épuisés par les bombardements incessants, dans la famine.  L’ONU a accusé, hier,  de nouveau Israël d’utiliser l’aide humanitaire comme une «arme» de guerre, en envoyant «des bombes» plutôt que de l’eau et de la nourriture, alors que la sécurité israéliennne a approuvé une extension des opérations militaires visant la «conquête» de la bande de Ghaza.

«Nos collègues sur le terrain nous ont dit avoir vu des gens fouiller dans les ordures, essayant de trouver de quoi manger», raconte un porte-parole du bureau des Affaires humanitaires (Ocha) de l’ONU, Jens Laerke, lors d’un point de presse à Genève. «Il y a un besoin désespéré de nourriture, mais, à la place, les Ghazaouis  reçoivent des bombes», a dénoncé  M. Laerke.

«Ils ont besoin d’eau. Ils ont besoin de soins de santé, ils reçoivent des bombes, ils ont besoin d’abris, ils reçoivent des bombes, et ainsi de suite», a-t-il ajouté. «Voilà la réalité dure, brutale et inhumaine de la situation», a-t-il dit.

Le Programme alimentaire mondial (PAM), un des principaux fournisseurs de nourriture dans la bande de Ghaza, a annoncé le 25 avril y avoir «épuisé tous ses stocks». L’ONU ne cesse d’alerter sur la catastrophe humanitaire et le risque de famine auxquels sont exposés les quelque 2,4 millions de Palestiniens de ce territoire soumis à un blocus total par Israël depuis le 2 mars. Israël accuse le mouvement de résistance palestinien, Hamas, de détourner l’aide humanitaire et justifie son blocus de la bande de Ghaza par la nécessité de faire pression sur l’organisation pour qu’il libère les otages.

De son côté, le mouvement palestinien accuse Israël de «chantage» à l’aide humanitaire. Le porte-parole d’Ocha a également réaffirmé que l’Organisation des Nations unies a rejeté les nouvelles modalités de distribution d’aide soumises par Israël aux agences de l’ONU et  aux ONG.

«Il y a eu une mise à jour orale (...) du mécanisme d’aide humanitaire», a-t-il dit, expliquant que les autorités israéliennes ont demandé aux organisations «de livrer les fournitures à travers des centres israéliens, une fois que le gouvernement israélien aura accepté de rouvrir les points de passage qui sont fermés depuis maintenant neuf semaines». «Cela semble être une tentative délibérée d’utiliser l’aide comme une arme» de guerre, a-t-il estimé.

«Nous avons déclaré que nous n’acceptions pas une proposition et un plan qui ne respectent pas les principes humanitaires fondamentaux d’impartialité, de neutralité et d’indépendance», a-t-il souligné. Depuis 2025, près de 10 000 enfants souffrant de malnutrition aiguë ont été admis pour des traitements ambulatoires et hospitaliers à Ghaza, a indiqué pour sa part une porte-parole de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Margaret Harris, lors du même point de presse.

«Nos efforts se poursuivent»

«Nous voyons également beaucoup d’enfants souffrant de malnutrition aiguë sévère avec des complications médicales et une fois que vous arrivez à ce stade, sans traitement, vous mourrez», a-t-elle dit. L’aide humanitaire doit être «acheminée immédiatement» à Ghaza et «ne doit pas être politisée», a indiqué, avant-hier, un porte-parole du Comité international de la Croix-Rouge (CICR).

«Le CICR reste attaché à répondre aux besoins humanitaires à Ghaza, mais il doit être autorisé à le faire dans le respect des principes humanitaires fondamentaux d’impartialité, d’humanité et d’indépendance», a déclaré Christian Cardon, porte-parole du CICR à Genève. «L’aide humanitaire ne doit pas être politisée.

L’ampleur des besoins des civils à Ghaza est actuellement écrasante et l’aide doit être acheminée immédiatement», a-t-il ajouté, rappelant qu’«en vertu du droit humanitaire international, Israël a l’obligation d’utiliser tous es moyens disponibles pour s’assurer que les besoins fondamentaux de la population civile sous son contrôle soient satisfaits».

Pour sa part, le Hamas a estimé, hier, que des négociations pour une trêve à Ghaza n’avaient plus aucun intérêt à ce stade et a appelé le monde à faire pression sur Israël pour faire cesser «la guerre de la faim», au lendemain de l’annonce par Israël d’un plan de «conquête» du territoire palestinien.

«Il n’y a aucun sens à engager des négociations, ni à examiner de nouvelles propositions de cessez-le-feu tant que se poursuivent la guerre de la faim et la guerre d’extermination dans la bande de Ghaza», a déclaré Bassem Naïm, membre du bureau politique du mouvement islamiste palestinien. «Le monde doit faire pression sur le gouvernement de Benyamin Netanyahu pour mettre fin aux crimes de la faim, de la soif et aux meurtres», a-t-il ajouté.

Le Qatar, pays médiateur entre Israël et le mouvement palestinien Hamas, a dit poursuivre ses efforts en vue d’une trêve à Ghaza, peu après une déclaration du Hamas estimant que des négociations n’avaient plus d’intérêt à ce stade. «Nos efforts se poursuivent malgré la difficulté de la situation et malgré la situation humanitaire catastrophique» dans le territoire palestinien, a déclaré le porte-parole du ministère qatari des Affaires étrangères, Majed Al Ansari. «Il y a des contacts permanents entre le Qatar et les parties concernées», a-t-il ajouté lors d’une conférence de presse à Doha. 

Condamnations du plan de «conquête»

Les réactions et condamnations du plan israélien de «conquête» de Ghaza à l’international se succèdent. La Chine et la France se sont exprimées, hier, sur le sujet. Pékin a dit «s’opposer» aux opérations de l’armée d’Israël à Ghaza. Paris a exprimé sa «condamnation très ferme» de ce même plan.

Le secrétaire général de l’Organisation des Nations unies, Antonio Guterres, «est alarmé» par «ces informations de plans israéliens pour étendre les opérations terrestres et prolonger la présence militaire [d’Israël] à Ghaza», a fait savoir un de ses porte-parole. L’UE s’est dite «préoccupée» par le nouveau plan israélien, appelant Israël à la «retenue». Le chef de la diplomatie allemande a rejeté toute «occupation permanente», rappelant que «Ghaza appartient aux Palestiniens».

Toute tentative d’annexer Ghaza serait «inacceptable», prévient le gouvernement britannique . «Nous nous opposons fermement à l’expansion des opérations d’Israël. Toute tentative d’annexer des territoires à Ghaza serait inacceptable», a déclaré à la Chambre des communes Hamish Falconer, le secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères britannique, ajoutant que «le territoire palestinien ne doit pas être amputé ni sujet à aucun changement démographique»

Israël a annoncé, avant-hier, une nouvelle campagne militaire sur la bande de Ghaza, qui prévoit la «conquête» du territoire palestinien et nécessitera, selon l’armée, le déplacement interne de «la plupart» de ses habitants. Cette extension des opérations militaires, approuvée par le cabinet de guerre israélien après 19 mois de guerre contre le Hamas, prévoit  «la conquête de la bande de Ghaza et le contrôle des territoires» saisis.

Cisjordanie  : Des colons envahissent l’Esplanade d’Al Aqsa

Des dizaines de colons sionistes ont pris d’assaut, hier, l’Esplanade de la mosquée Al Aqsa, dans la ville occupée d’El Qods, sous la protection des forces de l’occupation, a rapporté l’agence de presse palestinienne Wafa, citant des sources locales. Des dizaines de colons extrémistes se sont introduits par groupes dans l’enceinte de la Mosquée, et ont effectué des rituels talmudiques. Les colons ont également mené des marches provocatrices dans les cours d’Al Aqsa, sous une  protection renforcée des forces sionistes.

Troisième Lieu Saint de l’islam, la mosquée Al Aqsa subit des actes de  profanation au quotidien par les colons et soldats sionistes, dans le but de judaïser la ville d’El Qods occupée, imposer une nouvelle réalité et changer l’identité culturelle de la ville sainte.

Enquête sur les crimes de guerre à Ghaza : L’Espagne versera 500 000 euros à l’ONU

L’Espagne a annoncé lundi une nouvelle contribution financière de 500 000 euros au profit du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme dans le cadre de son enquête sur les crimes de guerre commis par l’entité sioniste dans la bande de Ghaza. «Dans le but de mettre fin à ces violations du droit international et de renforcer ses capacités d’enquête, l’Espagne versera une nouvelle contribution d’un demi-million d’euros», a annoncé le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Albares, qui a qualifié la situation à Ghaza d’«insoutenable».

Le chef de la diplomatie espagnole a exigé que l’entité sioniste lève le blocus sur l’entrée de l’aide humanitaire à Ghaza et confirmé la volonté de son pays de continuer à fournir une assistance aux habitants de l’enclave palestinienne dès que les camions seront autorisés à entrer. «Les habitants de Ghaza méritent la sécurité et la paix, et l’Espagne continuera à les exiger», a assuré Albares.  

 

 

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