Atelier Ahmed Lemseyyeh de poésie amazighe des Auacifs : Belaïd Lichani et Abdelouahab Aït Laziz à l’honneur

12/02/2025 mis à jour: 23:40
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Les poètes Belaïd Lichani et Abdelouahab Aït Laziz ont eu l’opportunité de partager leur poésie avec un public attentif - Photo : D. R.

Pour leurs tout premiers récitals publics en commun dans un cadre organisé, les poètes Belaïd Lichani 
et Abdelouahab Aït Laziz dit Bouha ont incontestablement réussi leur baptême de feu en captivant et en tenant en haleine, deux heures durant, une assistance fortement égayée et ravie.

Invités, samedi dernier, du troisième épisode de l’atelier Ahmed Lemseyyeh de poésie amazighe par l’association culturelle Tanekra d’Agouni Fourrou, dans la daïra des Ouacifs, les deux poètes Belaïd Lichani et Abdelouahab Aït Laziz, dit Bouha, ont égayé, le long d’une après-midi, une assistance assez consistante qui a tenu à être de ce rendez-vous exclusivement dédié aux mots ciselés et aux rimes.

Si le premier a éprouvé quelques soucis mineurs tout au début, lui le non-habitué à pareil récital public avant de se lâcher et de se libérer peu après, le second était tout à l’aise, lui l’habitué des envolées lyriques égayant les nombreux visiteurs quotidiens du marché de fruits et légumes des Ouacifs où il «officie» depuis des années. 

Et les deux hôtes de Tanekra ont beaucoup de similitudes, même si le second se distingue nettement par sa maîtrise de l’art de la déclamation. Sexagénaires et ayant enduré les mêmes affres de la colonisation avec ses nombreuses facettes hideuses faites de privations de tous genres, nos deux ciseleurs des mots partagent tout naturellement le même registre d’intervention avec, il est vrai, une différence dans la composition et la construction des vers, et surtout dans la déclamation.

L’amour, «ancien», empreint d’une certaine «pudeur», tiennent-ils à préciser à l’opposé de celui du présent «trop voyant» et donc, à leurs yeux, «extravagant», les diverses facettes de la vie dans toutes leurs déclinaisons, jalousie, fraternité, envie, haine, sont passées à la trappe de ces deux poètes au verbe facile. Un don qu’ils affirment détenir depuis leur «prime jeunesse et qu’ils ont perfectionné au gré de leurs expériences dans la vie. Et le premier, Belaïd Lichani, a pensé tout récemment à regrouper son répertoire poétique dans un recueil qu’il compte éditer.

«Quand j’ai eu à constater que des poèmes à moi ont été repris par des chanteurs et à mon insu, j’ai décidé de mettre un terme à cette pratique», dit-il. D’abord, poursuit-il, ne «déclarant mes œuvres et ensuite en les éditant sous forme de recueil». Le projet est en «cours de finalisation, puisque le corpus retenu est au stade des ultimes corrections», précise-t-il.

Une démarche qui semble inspirer le second invité, puisque Abdelouahab Aït Laziz se dit «intéressé» et «emballé» par une pareille perspective. Ce à quoi Hassene Kashi, un membre de l’association Tanekra et poète lui aussi, s’est dit «disposé à accompagner» le fils de Tiroual qui n’a eu à se «frotter» au kabyle qu’une fois de «retour» au village tout adolescent qu’il était, la famille était établie jusque-là dans la lointaine ville d’El Bayadh.

Transmettre aux futures générations

Ce qui constitue, d’ailleurs, un des objectifs de ce rendez-vous poétique consistant, entre autres, selon Hocine Laoues, un des deux coordinateurs de cet atelier, à «détecter des talents poétiques à travers ces récitals régulièrement organisés et à les encourager à dépasser le stade oral pour les partager en les éditant ou, tout au moins, en élaborant des corpus à même de les transmettre aux futures générations et servir, pourquoi pas, de base pour des mémoire de fin d’études universitaires». 

Il fait préciser que d’autres poètes, des habitués de cette rencontre, ont eu à déclamer certaines de leurs œuvres, comme Dahbia Kennane, Hocine Laoues, Hassene Kashi et autres Mohammed Ararbi et Mohammed-Arab Bentayeb. La rencontre s’est achevée, comme à chaque fois, par la remise aux deux invités, de diplômes de participation avant que l’assistance ne soit conviée à une collation suivie d’une photo de groupe pour immortaliser ces moments de convivialité poétique. M. K.


 

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