«Israël inflige à la population palestinienne de Ghaza des conditions de vie calculées pour entraîner sa destruction physique», accuse Amnesty International. Et de révéler : «Les nouveaux projets d’Israël indiquent que les autorités prévoient une escalade effroyable en s’emparant de territoires,
en y établissant une ‘’présence physique soutenue’’ et en déplaçant pour une durée indéterminée la majorité de la population.»
Amnesty International met en garde contre un plan israélien visant à annexer plusieurs secteurs de la bande de Ghaza au nom de la sacro-sainte sécurité de l’Etat hébreu. «Le gouvernement israélien doit immédiatement renoncer aux projets de vastes opérations militaires récemment dévoilés qui prévoient notamment l’annexion de territoires et le déplacement forcé de Palestinien·ne·s dans la bande de Ghaza occupée et assiégée, qui constitueraient une grave violation du droit international», lit-on dans une déclaration de l’ONG rendue publique le 7 mai.
Selon Amnesty International, il ne fait aucun doute qu’«Israël continue de commettre des actes de génocide, tout en étant pleinement conscient des dommages irréversibles qu’il inflige à la population palestinienne de Ghaza».
Et de prévenir : «Toute initiative d’Israël visant à déplacer des Palestinien·ne·s vers le sud de la bande de Ghaza et à les confiner dans des « bulles fermées, ou à continuer d’imposer des conditions de vie inhumaines pour pousser la population palestinienne à quitter Ghaza, constituerait un crime de guerre de transfert illégal ou de déportation.»
«De tels agissements commis dans le cadre d’une attaque de grande ampleur ou systématique dirigée contre la population civile constitueraient également des crimes contre l’humanité», insiste l’ONG.
«Israël veut utiliser l’aide comme un appât»
Erika Guevara Rosas, directrice générale chargée du plaidoyer et des campagnes à Amnesty International, alerte : «Après avoir imposé un siège total à Ghaza pendant deux mois, l’intention déclarée d’Israël d’étendre son offensive militaire déjà dévastatrice, de renforcer encore son occupation illégale de la bande de Ghaza et de déplacer de force des Palestinien·ne·se pourrait achever de détruire la population palestinienne de l’enclave qui, depuis des mois, lutte pour survivre dans le contexte du génocide israélien en cours.»
L’organisation de défense des droits humains en est convaincue : «Israël inflige à la population palestinienne de Ghaza des conditions de vie calculées pour entraîner sa destruction physique.» Et de révéler : «Les nouveaux projets d’Israël indiquent que les autorités prévoient une escalade effroyable en s’emparant de territoires, en y établissant une ‘‘présence physique soutenue’’ et en déplaçant pour une durée indéterminée la majorité de la population.»
Pour Erika Guevara Rosas, «ces plans témoignent du mépris total d’Israël pour le droit international et pour les droits des Palestinien·ne·s». Et alors qu’Amnesty International «réitère son appel sans équivoque au Hamas et aux autres groupes armés pour qu’ils libèrent immédiatement et sans condition les otages civils».
Israël «semble utiliser la libération des otages comme prétexte pour justifier d’autres crimes et violations commis contre les Palestinien·ne·s et la poursuite du génocide dans la bande de Ghaza», accuse Mme Guevara Rosas.
De leur côté, des agences onusiennes préviennent contre l’annonce faite par l’occupant sioniste de se charger lui-même de la distribution de l’aide humanitaire dans la bande de Ghaza. Un article publié hier par Onu-Info, le site d’information des Nations unies, titrait : «Ghaza : des agences de l’ONU condamnent le plan israélien visant à utiliser l’aide comme un appât».
Dans le chapô, il est précisé : «Le projet d’Israël de prendre le contrôle de l’aide humanitaire à Ghaza risque d’accroître les souffrances des familles épuisées par 18 mois de guerre en mettant leur vie en danger et en provoquant des déplacements massifs, en utilisant l’aide comme appât ont estimé ce vendredi des agences humanitaires des Nations unies.»
«C’est une sanction collective illégale»
Le site d’information des Nations unies rapporte que «le plan de distribution de l’aide israélienne présenté aux humanitaires de l’ONU prévoit l’entrée de seulement 60 camions d’aide par jour dans la bande de Ghaza». Cela représente «un dixième de ce qui était livré pendant le cessez-le-feu.
C’est loin d’être suffisant pour répondre aux besoins de 1,1 million d’enfants et de 2,1 millions de personnes», déplore James Elder, porte-parole de l’Unicef, lors d’un point de presse tenu hier à Genève. «Il existe une alternative simple : lever le blocus, laisser entrer l’aide humanitaire, sauver des vies», martèle-t-il.
«Si le plan israélien devait se concrétiser, les personnes les plus vulnérables de Ghaza – les personnes âgées, les enfants handicapés, les malades et les blessés qui ne peuvent pas se rendre dans les zones de distribution désignées – seraient confrontées à des défis terribles pour récupérer l’aide», a-t-il averti.
Par ailleurs, l’Unicef estime que «la proposition israélienne de lancer une poignée de centres d’aide exclusivement dans le sud de la bande de Ghaza créerait un choix impossible entre le déplacement et la mort». «Ce plan contrevient aux principes humanitaires fondamentaux et semble conçu pour renforcer le contrôle sur les produits vitaux comme moyen de pression», dénonce James Elder. «Il est dangereux de demander à des civils de se rendre dans des zones militarisées pour collecter des rations. L’aide humanitaire ne devrait jamais être utilisée comme monnaie d’échange», a-t-il ajouté.
Amnesty International s’est également exprimé sur ce point dans son communiqué de mercredi en faisant remarquer : «Les projets d’Israël visant à contrôler et à militariser la distribution de l’aide humanitaire compromettront la fourniture indépendante et impartiale d’une aide essentielle pour une population qui en a cruellement besoin.»
Et de souligner : «Le siège actuel, qui bloque totalement l’arrivée d’une aide vitale, y compris la nourriture, les médicaments et le carburant, depuis plus de deux mois, est utilisé par Israël comme une arme de guerre et en tant que sanction collective illégale.
Il s’agit d’une violation flagrante du droit international humanitaire, qui interdit strictement les sanctions collectives et exige de toutes les parties qu’elles autorisent et facilitent la fourniture d’une aide humanitaire impartiale aux civil·e·s dans le besoin.»
Une Fondation américaine au secours de Ghaza
Toujours au chapitre du chantage fait aux Palestiniens de Ghaza par le biais de l’aide humanitaire, il convient de méditer cette info donnée hier par l’AFP, selon laquelle «Washington évoque une nouvelle «fondation» pour distribuer l’aide à Ghaza» d’après le titre de la dépêche. «Les Etats-Unis ont indiqué jeudi qu’une nouvelle fondation serait prochainement chargée de la gestion de l’aide humanitaire dans la bande de Ghaza, ce territoire sous blocus israélien et dévasté par la guerre», rapporte l’agence française.
Et de citer une porte-parole du département d’Etat, Tammy Bruce, qui déclare devant la presse : «Bien que nous n’ayons rien à annoncer de spécifique à cet égard aujourd’hui, et je ne parlerai pas au nom de la Fondation, qui fera le travail, nous saluons les initiatives visant à acheminer rapidement l’aide alimentaire urgente à Ghaza, de manière à ce qu’elle parvienne effectivement à ceux à qui elle est destinée.»
«Nous sommes à quelques pas de cette solution, de la possibilité de fournir l’aide et la nourriture» à Ghaza, a-t-elle assuré. En outre, Mme Bruce a fait savoir que la Fondation «ferait une annonce prochainement», sans plus de précisions.
L’AFP relève : «Peu de choses sont connues sur cette fondation mais une «Fondation humanitaire pour Ghaza» à but non lucratif est enregistrée depuis février en Suisse, basée à Genève.» Et de préciser : «Le journal suisse Le Temps a rapporté que la fondation cherchait à engager des «mercenaires» pour sécuriser la distribution de l’aide. Amnesty International Suisse s’en est inquiété, soulignant que cela pourrait contrevenir au droit international.»
A noter par ailleurs que «Donald Trump a promis en début de semaine une «très, très grande annonce» avant son voyage au Moyen-Orient». Le président américain doit se rendre en Arabie Saoudite, au Qatar et aux Emirats arabes unis du 13 au 16 mai. D’après l’AFP, «Israël, qui accuse le Hamas de détourner l’aide, a suggéré de la distribuer dans des centres contrôlés par l’armée, une proposition très critiquée par l’ONU et les organisations humanitaires».