Accès équitable à l’eau potable à Mascara : La population attend un geste présidentiel

23/06/2025 mis à jour: 04:23
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Barrage de Cheurfa II W. Mascara - Photos : D. R.

Selon les données disponibles, l’ensemble des barrages de la wilaya assure environ 15% de l’approvisionnement, avec notamment le barrage de Bouhanifia, qui alimente les communes de Hacine, Guitena et Bouhanifia, et celui de Oued Taht, qui dessert principalement Aïn Fares, Oued El Abtal et Sidi Abdeljebbar. Les forages fournissent près de 25% du volume total, bien que le débit de plusieurs d’entre eux demeure insuffisant.

La volonté de l’Etat de garantir un accès équitable à l’eau potable se heurte, à Mascara, à une difficulté persistante, à savoir des perturbations récurrentes dans l’alimentation en eau, dues principalement à la dégradation avancée d’une section du couloir hydraulique MAO (Mostaganem-Arzew-Oran), principale source d’approvisionnement qui dessert une grande partie de la wilaya. 

Cette situation, qui perdure depuis des années, exige désormais une décision forte, à la hauteur de l’urgence, notamment une intervention du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, afin d’ordonner l’inscription d’un projet de réhabilitation totale de la canalisation principale de transport d’eau. La conduite en question, d’un diamètre de 700 mm, fait partie du système de transfert MAO et assure l’alimentation en eau de plusieurs communes de la wilaya de Mascara. Mise en service en 2018, cette infrastructure montre déjà des signes très avancés de dégradation.

Usure des canalisations

En l’espace de quelques années seulement, elle est devenue le théâtre de fuites récurrentes et d’avaries successives, provoquant des coupures fréquentes d’eau dans de nombreuses localités. La détérioration rapide de cette canalisation s’explique par la mauvaise qualité des matériaux utilisés, inadaptés au transport d’eau de mer dessalée, riche en sels minéraux, ainsi qu’à la salinité des sols traversés.

«Ce double facteur a accéléré l’usure des parois, au point où chaque réparation entraîne l’apparition d’un nouveau point de rupture, rendant le travail des équipes techniques de l’Algérienne des eaux (ADE) de plus en plus complexe», nous dira un cadre de cette entreprise. Et d’ajouter : «Les réparations ponctuelles ne constituent plus une solution viable», insistant sur la nécessité d’une «réhabilitation complète d’au moins 35 kilomètres de canalisation», pour un coût estimé à 1,5 milliard de dinars (150 milliards de centimes).

Il précise également que «chaque intervention nécessite de purger complètement la conduite, interrompant ainsi l’alimentation des habitants pendant plusieurs heures, pour ne pas dire jours, le temps de réparer, de remplir les réservoirs, et de rétablir la distribution.» Le wali de Mascara, Fouad Aïssi, a indiqué, lors d’une conférence de presse tenue le mardi 17 juin, que «le système MAO couvre à lui seul près de 60 % des besoins en eau potable de la wilaya.

Le reste de l’approvisionnement est assuré par d’autres ressources hydriques locales, notamment les barrages et les forages.» Selon les données disponibles, l’ensemble des barrages de la wilaya assure environ 15% de l’approvisionnement, avec notamment le barrage de Bouhanifia, qui alimente les communes de Hacine, Guitena et Bouhanifia, et celui de Oued Taht, qui dessert principalement Aïn Fares, Oued El Abtal et Sidi Abdeljebbar.

Les forages, quant à eux, fournissent près de 25 % du volume total, bien que le débit de plusieurs d’entre eux demeure insuffisant, notamment dans la commune de Tighennif, où le rendement reste particulièrement faible. Dans le but de pallier la fragilité du réseau de transfert MAO, le wali a annoncé le lancement d’une étude technique, financée par le budget de la wilaya, portant sur la réalisation d’une seconde canalisation, en dédoublement de la conduite actuelle reliant Mascara à la station de dessalement de l’eau de mer de la Macta (Oran).

Cette nouvelle conduite devra être réalisée en polyéthylène haute densité (PEHD), avec un diamètre de 1200 mm et une conception multicouches, garantissant une meilleure résistance à la corrosion et aux fortes pressions hydrauliques. Toutefois, un tel projet ne pourra se concrétiser sans son inscription officielle par les autorités centrales, notamment le ministère des Ressources en Eau, le ministère des Finances et le gouvernement.

Renforcer l’autonomie hydrique

Parallèlement, afin de limiter les effets des perturbations liées à la dégradation avancée du réseau MAO et de renforcer l’autonomie hydrique dans plusieurs zones du chef-lieu de la wilaya, le wali a également annoncé la réalisation de quatre nouveaux forages, dont la réception est prévue pour le mois de juillet prochain. 

Deux seront implantés dans la commune de Tizi, un à Dehamna et un autre à Mamounia. Ensemble, ces forages permettront de produire environ 7000 mètres cubes d’eau par jour. Quatre autres forages sont également programmés pour répondre aux besoins d’autres localités touchées. Toutefois, cette option ne constitue plus une solution durable face à l’épuisement inquiétant de la nappe phréatique dans la wilaya. Même les autorisations qui étaient auparavant accordées aux agriculteurs dans certaines communes ne seront plus délivrées. La nappe est aujourd’hui dans le rouge.  Par ailleurs, le wali de Mascara, qui s’est engagé dès son arrivée à améliorer l’accès à l’eau potable, s’est vu contraint de sévir face à la mauvaise gestion de la distribution, laquelle a accentué l’impact des  provoquées par la dégradation du réseau de transfert MAO. 

Des sanctions disciplinaires ont été prises à l’encontre de responsables n’ayant pas su assurer une répartition équitable de l’eau, notamment durant la fête de l’Aïd El Adha, une période marquée par la mobilisation d’équipes techniques venues de six wilayas, ainsi que d’une équipe spécialisée de la société Sonatrach, pour réparer les fuites sur le réseau. Dans le même contexte, les pouvoirs publics ont décidé de revoir les programmes d’alimentation en eau potable. 

Le rythme a été réduit à un jour sur quatre, voire un jour sur cinq dans certains quartiers. D’autres localités bénéficient toutefois d’un quota plus favorable, avec une distribution tous les deux ou trois jours, en fonction de la disponibilité des ressources et des débits fournis par les forages. Enfin, dans certains cas, les fuites ne sont volontairement pas réparées immédiatement. Cette stratégie, bien que controversée, vise à éviter une interruption prolongée du service. 

En effet, les travaux de réparation peuvent nécessiter plusieurs heures, voire une journée entière, risquant ainsi d’aggraver les désagréments subis par les usagers. En attendant la concrétisation de ce projet, la population continue de vivre au rythme des perturbations dans la distribution d’eau potable, dans une wilaya autrefois reconnue pour l’abondance de ses ressources hydriques, mais aujourd’hui fragilisée par une infrastructure vétuste et une pression croissante sur les ressources
Tous les regards sont désormais tournés vers le Président de la République, Abdelmadjid Tebboune, seul à même de trancher et de décréter la réalisation de ce projet, perçu comme l’unique solution  capable de mettre fin, une bonne fois pour toutes, à la souffrance des habitants de la Cité de l’Émir Abdelkader. 
 

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